La division des humains

Vous trouverez ici les histoires pré-datant Fingel, comme plus personne ne peut en témoigner elles ont acquis le statut de légendes.
Coursier
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Inscription : 03 janv. 2008, 11:08

La division des humains

Message par Coursier »

Une table, voici tout ce qui me reste... trop de sang a coulé, mais cela ne s'arrêtera pas... Je prends la plume pour que les futurs aventuriers, qui connaîtront la paix, n'oublient pas. Que les landes sachent d'où je viens... Que tous, un jour, comprennent que leur voisin est leur allié. Qu'un jour également ils sachent quelle est leur véritable ennemie.

Je ne sais pas par où commencer... Je suis d'un peuple qui n'existe plus, d'un peuple disparu, je viens de loin, de trop loin... Puisque ici il faut choisir son camp, alors je dois être eldorian... Mais mon vrai peuple, voici son histoire. Je mourrai ici, en ces terres, au combat, peut-être ? Mon peuple vivait dans une fantastique contrée, boisée et belle, un grand espace fabuleux, que nous avions nommé Nian. D'un commun accord, nous avions choisi de donner aussi ce nom à notre peuple. Dans notre capitale, Simer, belle et grande, et que j'ai rêvé revoir ici, avec toutes les races réunies, siégeait notre roi, Criklan ap Glyned. Mais comme chaque bonne chose, le règne du souverain se termina plus tôt que prévu. Des rebelles remirent en doute la puissance de Criklan, et déclenchèrent une guerre civile. Malheureusement, Nian fut dévastée, et au bout de quelques mois, n'était plus qu'un champ de ruines. Le roi ordonna à son plus fidèle partisan, Johan, de quitter le pays avant de périr, ce qu'il fit, accompagné de trois milles fidèles, en réussissant à s'enfuir par des tunnels souterrains, juste avant la prise de Simer, et la mort du roi.
Les survivants errèrent pendant deux longues années, traversant des pays qui refusaient tous de les accueillir. Ils entendirent alors parler d'un lieu, d'une vaste contrée sauvage, au-delà des montagnes qu'ils apercevaient à peine, au sud, une région regorgeant de richesses. Mais les bruits disaient également que cette région était maudite. N'ayant plus d'autre choix, Johan prit la décision de rejoindre ces terres.

Après quelques jours de marche, ils arrivèrent devant une forêt, une forêt gigantesque et touffue. Au cours de la traversée, mille s'égarèrent. Malgré tous les efforts pour les retrouver, personne ne parvient à les revoir.

Ils arrivèrent enfin tous devant les montagnes. Ils n'étaient plus qu'environ deux mille, vivant des ressources qu'ils trouvaient dans la forêt. Après plusieurs jours d'inspection, ils trouvèrent finalement un passage dans la chaîne qui s'imposait devant eux.
Ils empruntèrent ce passage. La traversée fut extrêmement longue, et nombre de chevaux tombèrent de fatigue, contraignant tous les hommes à poursuivre à pied. Finalement, leurs efforts furent récompensés. Ils arrivèrent dans une plaine verte et boisée, réplique exacte de Nian dans toute sa splendeur. Chacun eut un grand sourire de soulagement. Les mois qui suivirent la découverte furent l'occasion rêvée de parcourir toute l'étendue du territoire. Il s'avéra qu'ils n'étaient pas les seuls dans ces landes. A l'est de leurs terres se trouvait un territoire peuplé de barbares, les Galdurs, à l'ouest se trouvait une région encore sauvage, et au sud se trouvaient des falaises. Cette grande chaîne de falaises laissait cependant un étroit passage. Le vent passant par cette voie provoquait un son effrayant tous les êtres voulant s'en approcher, et les plus courageux étaient la cible des éboulis, n'épargnant personne.

Johan décida la construction d'une grande cité. Chacun prit part à l'ouvrage, et la cité fut très rapidement terminée. Johan proposa Criklan, comme nom pour la ville, en souvenir du roi du Nian, et tous applaudirent cette idée.

La vie dans la cité était bien agréable, et chacun avait enfin trouvé ses repères, bien que certains, toujours désireux d'aventures, allaient mourir près des falaises.
Un jour, un étranger pénétra dans Criklan, épuisé, mais les yeux ébahis. Cet homme était de race humaine. Alors, chacun comprit, l'étranger fut reconnu, il était parmi le millier d'égarés, son nom était Denetos. Il reçut les soins nécessaires avant de raconter son incroyable histoire.
Cet homme était différent, on ressentait une aura malsaine autour de lui.
Comment cet homme pouvait-il avoir réussi la traversée du passage, alors que chacun savait que la mort était la seule issue...
Cependant, tous l'accueillirent sans poser de questions, et une grande fête fut faite. Il leur apprit que tous avaient trouvé un domicile, après de longues traversées dans des froids glaciaux.

Après de nombreux cris de joie, le visiteur annonça qu'il fallait qu'il prévienne l'autre partie du peuple, de l'autre côté des falaises. Et c'est ainsi qu'il repartit, seul, devenant le messager entre les deux peuples.

Finalement, une décision fut prise : Le peuple devait se réunifier et pouvoir se voir sans risquer de mourir à chaque passage, le canyon étant bien trop dangereux. Deux énormes constructions furent entreprises, une de chaque côté du passage : Deux ponts à trois branches, une partant du sol, face à l'entrée du passage, deux aboutissants sur les deux sommets de la falaise déchirée, deux "Tréponts". L'endroit fut ainsi nommé : "Le Trépont".

Tous étaient heureux, tous pouvaient revoir les êtres disparus, et chacun avait la possibilité de visiter le lieu d'habitation des autres, chacun pouvait aider l'autre. Mais ils avaient besoin d'un roi, un roi pour tous les réunifier, et Johan, qui était maintenant adulé de tous, fut choisi.
Le souverain ne déçut personne, tous étaient heureux de l'avoir comme guide. Il se trouva une femme, qu'il épousa, et avec qui il eut deux enfants. Il nomma le premier Eldos, et le second Sinos.


Mais un jour, comme chacun d'entre nous, Johan mourut. C'est alors qu'il se posa un problème : il n'avait pas nommé de successeur. Eldos était resté du côté de ceux qui avaient suivi Johan, et Sinos avait emménagé du côté des égarés. Ainsi, chacun devint le roi de son propre camp. Un des constructeurs du trépont, rêvant encore d'une union, fut une découverte, alors qu'il peaufinait sa construction : le sommet de la falaise regorgeait d'or. D'après ses estimations, assez d'or pour affirmer la supériorité de la race humaine sur toutes les races ennemis, tous des barbares.
C'est ainsi qu'une guerre se déclencha. Sinos et Eldos s'affrontèrent, sachant que le vainqueur serait proclamé roi des deux peuples, mais aussi sachant que l'or aiderait à devenir surpuissant.
Chaque peuple voulait l'or, chaque peuple voulait la suprématie. J'étais parmi les partisans d'Eldos, je n'étais pas le seul à ne pas vouloir me battre, mais j'étais le seul à ne pas y aller, j'étais celui qui avait découvert ces richesses, j'étais celui à cause de qui tous se battaient.
Il fut décidé que la bataille se déroulerait sur les deux sommets.

Chaque armée gravit son propre trépont pour aller pourfendre l'ennemi. C'est ainsi que je restais seul dans le village, me cachant derrière chaque objet pouvant me camoufler, mais observant le combat. Les armées étaient de forces égales, bien que numériquement, nous étions plus nombreux, mais ils avaient un avantage : la rage. Aucun ne pouvait vaincre, et les princes le réalisèrent. Chacun eut alors l'idée de détruire le trépont de l'autre. Tous progressèrent de façon à atteindre le pont adverse, et c'est à ce moment précis que Sinos et Eldos prirent conscience du fait que la bataille était un massacre dont aucun d'eux ne se sortirait. Ils partirent donc vers leur village, accompagnés d'une poignée de lâches, et d'une poignée de réalistes. En haut, hommes et femmes s'entre-tuaient, et les deux ponts furent détruits. Chacun prit conscience de ce qui venait de se produire. Ils déposèrent tous les armes, voyant que les rois les avaient dupés, voyant que la mort serait certaine.
Ils ne restait avec eux que leur haine extrême qu'ils éprouvaient les uns envers les autres, et leur or, pour lequel ils avaient combattu. La plupart choisit de sauter pour en finir, alors que d'autres préfèrent mourir de faim, espérant que quelqu'un construise un nouveau trépont pour les sauver.

Chaque peuple prit le nom de son roi, le peuple du roi Eldos devient le peuple Eldorian, et celui de Sinos devint les Sinans.

Mais le seul pouvant faire sauver les rescapés potentiels écrit en ce moment son histoire, sur sa table, égoïstement, constatant que les Eldorians deviennent racistes et méfiants envers chaque étranger, craignant un nouvel arrivant qui pourrait bien tout déclencher.

Je suis un criminel, une sorte de déserteur, un pacifiste, et je sais que je vais payer, car depuis un moment, des hommes frappent à la porte. En me tuant, ils condamnent les survivants de la falaise, qui, à l'heure qu'il est, ne tiendront plus longtemps. En me tuant, ils se soulagent en trouvant un bouc émissaire. En me tuant, ils prouvent que la haine n'a pas besoin de race ni de religion. En me tuant, il y a de fortes chances qu'ils brûlent ce texte. Mais pour me tuer, il faudra qu'ils aient raison de mon épée.

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