Forums des Landes Eternelles

La fin d'un chapitre.

Deux points noirs, deux ombres sous le soleil aveuglant.
Le ballet voluptueux de deux rapaces surveillant quelque chose à des mètres plus bas. Leur prochain déjeuner peut-être ?

L'un se détache et amorce sa descente en une volute majestueuse. Puis dans un battement d'ailes se pose tout près de sa proie : Une main. Bleue.

Le silence. Le Ressac qui pousse un corps, des jambes en parties ensevelies sous le sable. Des cheveux éparses, profondément noirs, bleutés comme les plumes d'un corbeaux.

Le vautour sautille et se dandine un peu plus près. Encore un peu plus près. Encore...
Son comparse émet un gloussement désagréable. Une pierre jaillit, manquant de peu le plus hardi qui se soulève dans les airs, outré d'avoir raté son casse-croûte.

Quelqu'un dévale la pente douce qui mène au rivage. Des mains chaudes et calleuses attrapent celles, inertes et froides, de la naufragée. Une voix parle, appelle d'autres voix ensuite. Puis le vide sous elle, le ciel, le soleil, deux points noirs qui s'agitent, le bruit...

la vie.

Entre deux rêves.

Quand est-ce que ça a commencé ?
Je ne me souviens plus.
Un jour, oui un jour... Je suis partie, pour ne plus revenir en étant la même.
Un jour. Je suis partie, pour ne plus revenir, peut être.

Mais je voulais vous retrouvez tous.

Je m'en souvenais trop bien.
Chaque image me heurtait. Chacun de vos manques m'asphyxiaient.

Je me souviens de ton manque.
Tu étais parti. Pour ne plus revenir.
Je ne serai plus la même.

J'ai peut-être cesser de me souvenir à ce moment là.
J'ai cessé d'avancer.
Je voulais sortir de leur carcan. Je voulais me réveiller.

Réveillez-moi.
J'ai trop rêvé de vous.

Chez toi.

Les mains du vieux Tin tremblent. Le livre se fait lourd. Qu'importe. Deux yeux mordorés quémandent, avides, la fin de l'histoire.

- Papili ?
- …

Ces yeux le troublent. Ils ont changé. Son visage, non. C'est la marque de l'aliénation qu'elles ont imprimé en elle. Mais elle est libre. Elle est revenue. Elle ne repartira plus. Il l'a su quand il l'a vu revenir avec elle.
Il sourit en guise de réponse puis referme le livre.

C'est assez ce soir.