Souvenir d'un vieux Galdur

[karadak]

Prologue

Je suis là, assis devant ce feu serrant mes peaux de léopard autour de moi, je suis un vieux galdur que l’age commence à courber vers la mort. Le froid engourdit vite mes membres maintenant que la force de ma jeunesse s’est envolée. Je suis là, ressassant des noms, des lieux et des souvenirs. Il ne me reste plus que ça des souvenirs, des choses qui se sont passées, il y a longtemps … ailleurs … dans les landes éternelles.

Chapitre I – L’arrivée

Je me rappelle encore de cette fin d’après midi sur le pont du bateau qui approchait d’une île dont le nom jetait par un marin résonnait en moi comme un mot magique : Trépond.
Le froid n’était pas encore mordant mais je tremblais, mon regard scrutait l’horizon guettant la moindre ligne de terre qui se découperait au loin. Je tremblais d’excitation et non de froid, j’arrivais enfin au terme de ma fuite, de l’abandon des miens, du rejet de leur vie sédentaire faite de certitudes et de conventions. Je fuyais les souvenirs de déception, de frustration et de dépit amoureux pour me lancer dans une autre vie, une vie que je forgerais au fil de mon épée.

Enfin la terre, les premiers arbres se découpaient sur le ciel du soir naissant, encore une heure à ronger mon frein, à voir s’approcher ces terres inconnues lentement si lentement que mon impatience en devenait douloureuse. Enfin je pus débarquer, je foulais enfin la terre de Trépond, l’air du soir chargée de l’humidité de la mer me pénétrait les os, mais je n’en avais rien à faire, j’arpentais les étendues d’herbes, les rochers, je traversais les buissons, je m’enivrais de ces paysages. Et puis je commençais enfin après quelques temps à me dégriser, à reprendre le sens des choses à me poser des questions.
Ces terres étaient-elles dangereuses, quelques monstres n’allaient-ils pas m’attaquer ? Je remarquais quelques gibiers, quelques rares rapaces volant paresseusement dans les airs. Et puis d’autres aventuriers, certains débarqués avec moi et d’autres, ils circulaient allant à des occupations mystérieuses, leur allée venue, leur air parfois sévère me firent comprendre qu’au fond j’étais étranger en ces lieux, un inconnu dans des terres inconnues
La nuit tombait, je vis au loin un feu, un homme marchait près du foyer. Je m’approchais. Il dit s‘appelait Ham mem lol laan et s’enquit de mon nom.
- Karadak criais-je presque fils de …
Fils de rien du tout, fils de fermier, quelques souvenirs vinrent rapidement troubler ma pensée. Je masquais mon trouble en lui jetant à la face.
- Je serai un guerrier, un grand guerrier.
Il éclata de rire.
- Le grand guerrier sait-il allumer un feu puisque le mien s’éteint, sauras-tu me chercher un peu de bois.
Devant mon air déconvenue, il rit de plus bel.
- Là bas dans le bosquet, les branches par terre ramasse les.
Je haussais les épaules et me dirigeais vers l’endroit indiqué. Il allait voir, je saurais lui faire un tas de bois si gros qu’il pourra chauffer l’enfer. Mais je devais vite déchanter, le tas de bois que je pouvais porter se résumait à un simple fagot. Je le lui rapporta penaud, il ne fit aucun commentaire et accepta le bois qu’il mit dans le feu. Après quoi, il s’assit et sortit de son sac un objet. Intrigué, je m’approchais et regarda avec curiosité la chose qu’il tenait dans le creux de sa main.
- Vois-tu ceci est une essence … une essence volcanique.
Il me montra mieux et je pus voir une sorte de boule de lumière mais une lumière solide décorée de flamme. C’était à la fois irréel et magique. Je le vis jeter l’essence dans le feu d’un geste précis et une flamme monta embrasant mon fagot et bientôt sa chaleur bienfaisante me conduisit à la somnolence puis au sommeil. Ainsi s’achevaient mes premières heures dans les landes éternelles.