La fuite vers les landes

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arnault
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La fuite vers les landes

Message par arnault »

Des semaines. Cela ne faisait déjà plus des jours mais des semaines que ce jeune Eldorian que l’on nommait Arnault affrontait la rudesse des landes. Et encore…On pourrait dire qu’il n’en avait vu jusqu'ici que le côté le plus doux, au vu de ce qu’il entendait parfois le soir en taverne. Ces terres si impénétrables gardaient leur dureté jour après jour, mais l’humain, lui, se renforçait chaque jour où il les foulait.

Parfois, il se rappelait son pays natal. La nature y était si accueillante par rapport à ici. Elle était comme une mère parfois sévère mais si souvent bienveillante. Il aurait plutôt comparé les landes à une femme éconduisant férocement ses prétendants. En pensant à cette image, il sourit. Ça lui rappelait pourquoi il était parti loin de chez lui. La fête de passage à l’âge adulte.
Il la craignait un peu plus chaque année. Ce n’était pas les épreuves qui l’effrayaient, loin de là. Il adorait démontrer son endurance devant les autres, il redoublait d’effort devant ceux de ses camarades. Ce qu’il redoutait alors, c’était la conclusion de la fête.

« Une nuit d’amour ?! Et comment voulais-tu que j’éprouve de l’amour pour ces filles à la tête légère et à la vision courte ? », adressa-t-il amicalement à un renard qui passait par là.

Il se remémorait avec dédain à quel point il trouvait les filles de son village, Boissetard, inintéressantes. Elles étaient insouciantes et enfermées dans les normes paysannes. Vaquant des activités de ménagères, attendant impatiemment le printemps de leur majorité qui leur offrirait un beau mari travailleur qui rentrerait chaque soir dans la maison dont elles géreraient parfaitement l’entretien. La seule chose qui faisait pétiller leurs yeux était cet avenir aux contours préétablis, mis à part le passage du marchand ambulant avec ses robes de la ville.
Il se plaignait régulièrement de cette situation inextricable auprès de ses parents qui n’acquiesçaient que par le silence.

Le jour des venu, Arnault passa donc les épreuves qui démontrèrent ses attitudes. Celles-ci lui promettaient un bel avenir dans l’armée où dans l’atelier d’un artisan. Mais lors de la cérémonie finale, au terme de laquelle les jeunes gens devaient choisir leur partenaire, Nul ne le vit parmi ses camarades. Cela faisait en réalité déjà plus d’une heure qu’il avait quitté le village, laissant derrière lui une lettre d’excuse pour ses parents. Si un jour il s’unissait à une femme, ce ne serait pas dans ce village.

Quelques années s’étaient écoulées durant lesquelles il avait entre autre vécu en tant que bûcheron ou comme fermier, sans jamais vraiment s’attacher aux endroits où il séjournait.
Il rêvait de contrées plus exotiques, où il pourrait découvrir d’autres cultures que cette vie eldoriane sans saveur. Il n’était pas Fingel mais le peu qu’il connaissait des autres peuples le passionnait déjà.
Les mystérieuses landes éternelles étaient l’endroit idéal pour assouvir sa soif de découverte. Les aventuriers de partout y affluaient et milles secrets dormaient dans ce territoire qu’on disait mû par une volonté propre.

« Des mystères insoupçonnés se tapissent dans la brume des landes…», pensait Arnault, maintenant songeur sur le lit de sa chambre d’auberge.
« Si je n’ai pas trépassé d’ici là, j’écrirai sûrement dans mes vieux jour. Je coucherai sur le parchemin un traité sur le maniement des armes ainsi qu’un manuscrit décrivant tout ce que ma vie ici m’aura permis de découvrir à propos de ces terres étranges. »

Le sommeil l’emportait petit à petit sur sa conscience.
« Les landes sont comme une femme inaccessible, réservée…Elles laisse paraître peu de choses mais qui sait quels trésors cachent-elle au-delà de cet aspect cruel… ».
Arnault s’était endormi mais il sentait toujours autour de lui la présence des landes, comme celle d’un gigantesque être vivant…

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