Le vice et la vertu

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Archimed
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Le vice et la vertu

Message par Archimed »

Introduction

La nuit venue, alors que les étoiles, elles-mêmes, ont perdu de leur clarté innocente, lorsque la lueur d’une bougie reste le seul moyen afin de se protéger des ténèbres, les habitudes des individus nous révèlent un état d’esprit particulier. Promenez-vous dans les sombres ruelles de la Cité du port et voyez l’ambiance qui y règne jusqu’à l’aube ! Certains méprisent ce mode de vie qu’ils jugent détestables et sont totalement répugnés par les habitants et les aventuriers qui fréquentent ces lieux. A l’inverse, Pierre-Blanche, la nuit, est particulièrement sure et sainement animés. Certains trouvent ce lieu fade et indigeste. Tout dépend de l’état d’esprit.
Si l’on observe d’un œil objectif les mœurs des différents groupes, aucun n’est méprisable, aucun n’est noble. Le vice peut-être un bien non négligeable lorsqu’un être brisé y trouve un certain réconfort ! La vertu peut être empreinte d’hypocrisie et sert souvent de prétexte pour mieux être estimé ! Deux lieux en Séridia, sont particulièrement représentatifs de ces mentalités. On distingue, d’un côté, le temple de Néraclos, où se rassemble toute l’infâmie et la souillure de notre monde, et de l’autre, le conseil bleu, lieu de paix et résidence de tous les pacifiques qui peuplent ces terres.
Ici, je conterais la vie de deux membres de ces différents groupes. Je marquerais les nuances et les différences fondamentales entre leurs conviction et expliquerai également les raisons de leur appartenance à tel ou tel milieu. Il vous faut comprendre avant que d’entamer cette lecture, le but général de cette œuvre. Je suis ici depuis peu, et, en tant que Sinan, j’ai déjà subi les acides remarques de ceux dont l’esprit est fermé à un tel point, qu’il ne cherche même pas, ne serait ce qu’un peu, à comprendre les différences des autres peuples. Je dédie donc ce livre à tous ceux qui n’ont jamais compté que sur eux, et qui méprisent parfaitement nos mœurs, en espérant leur faire changer d’avis.

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Archimed
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Message par Archimed »

Chapitre 1: Archimed le Sinan

*Je me choisis dans cette première partie comme personnage principal, non par témérité ou par vantardise, mais simplement par manque d’alternative et parce que je me considère comme un exemple représentatif de la chose. Ceci n’est nullement autobiographique mais fictif entièrement, et les évènements que je décrirais n’ont aucun rapport avec mon histoire personnelle. C’est dans le but de bien marquer cet aspect, que je tâcherais de me peindre de la façon la plus objective qu’il soit.*

Souvent, le sommeil est perçu comme une force salvatrice qui permet à l’homme de s’enfuir du morne quotidien. On prend plaisir à s’échapper, à vaquer dans un monde inconnu, qui peut prendre des formes inhabituelles, magiques, effrayantes parfois. On a l’impression d’enfin exister, d’être un tout. On oublie que l’on est un aventurier parmi tant d’autres, insignifiant, et que l’on pourrait mourir mais qu’aucun n’y prêteraient la moindre attention. Certains aiment se sentir sollicités et les rêves leur donnent la force de poursuivre leur lutte. Ils considèrent cet autre univers comme un lien impérissable entre la terreur des Landes et la douceur de leur combat, un lien qui maintient une cohésion rassurante. Le rêve est ici-bas nécessaire à la survie des aventuriers.
Mais pour certains, le rêve s’est envolé, s’est dissipé dans le néant. Pour certains, le sommeil ne représente pas le salut de l’âme, mais bien au contraire, un obstacle à la tranquillité.

On a depuis longtemps séparé le songe en deux domaines : le rêve et le cauchemar. L’un inspire la paix, l’autre la terreur. Le cauchemar a toujours été désigné comme le plus horrifiant, le plus triste qu’il soit. Cependant, le prendre comme tel est une erreur fatale. Certains connaissent des douleurs incomparables à celles-ci. Certains restent leur vie entière frustrés et détruits par la rancune.


Archimed, le Sinan, lui, ne s’est pas endormi paisiblement depuis plusieurs années. Il vit dans le doute constamment, et, jamais jusque-là n’a trouvé le repos. Quelle tristesse ! ! Quelle amertume ! Comment résister et combattre cette torture qu’est pour lui la nuit ? Il ne peut pas, lui, s’en aller reposer dans un lit douillet et se réveiller aux premières lueurs du matin ! Il ne peut pas… Il serait bien trop douloureux de retenter cette expérience qui l’a détruit tant de fois. Il sait bien que ce serait cause perdu. C’est pourquoi il s’oblige depuis bien longtemps à traîner dans les égouts ou dans tout lieu dont les relents meurtrier pourraient le maintenir éveillé. Le temple du métal, parfois peut satisfaire ces envies. C’est donc, en quelque sorte, son lieu de résidence, son foyer. Il y reste jusqu’à ce que l’air reprenne sa douce chanson, jusqu’à ce que les gargouilles rentrent dans leurs grottes et que les routes soient plus sûres.


Il a vécu dans sa vie les choses les plus infâmes qui soient. Enfant riche, mari heureux il avait tout pour mener une existence paisible. Tout ces biens, tout l’amour qu’il avait investi dans ses projets, tout ce qu’il avait récolté grâce à la sueur de son front ; on lui avait tout arraché. Le dépit substituant le bonheur, il décida de se lancer dans une nouvelle aventure, de venir s’installer dans les Landes, en quête de renouveau. La nuit, il ne peut donc pas rêver d’un meilleur monde ni d’une idylle parfaite, car cette idylle, il l’a déjà possédée. Ce dépit est bien plus difficile à vivre qu’un quelconque désespoir. S’il rêve de merveilles et de beauté, c’est son passé qui le possède, et c’est au réveil qu’il se rend compte de sa situation détestable.

Il essaie donc, tant qu’il le peut de veiller toute la nuit. Son passé l’a détruit, l’a brisé et ses habitudes en sont devenues détestables. Il a donc, cette nuit, partagé le camp d’un homme que, sans doute tous les aventuriers haïssent. Mais cet homme, si terrible qu’il soit, a vécu les mêmes immondices qu’Archimed. Ce perfide que la société humaine a rejeté depuis bien longtemps, lui, est le seul à le comprendre. Les deux hommes discutent pendant des heures, puis, à 3 heures, sont terrassés par le sommeil. Ils sont torturés par la fatigue mais le matin sonne déjà à leur porte. Une vague emmène ces deux hommes dans un sommeil léger.
Dernière modification par Archimed le 20 mai 2008, 19:37, modifié 1 fois.

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Archimed
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Message par Archimed »

Chapitre 2: Une journée

Il est à souligner que tout personnage cité dans ce texte et tout jugement porté sur ces personnages, principaux ou non, sont erronés et n'ont aucun rapport avec la réalité et mes sentiments personnels. Ne prenez donc pas en mal ce qui est écrit ici et ne vous considérez pas non plus comme mon ami avec comme seul fait que je fit votre éloge dans cet ouvrage. De plus beaucoup d'aventuriers seront présents ici, ne soyez pas surpris... (exemple: Ici, NaNaSHi est peint de façon dégradante; c'est pourtant l'un de mes amis les plus proches ici-bas.)

Le réveil fut difficile ce matin là. Exténué, n’ayant plus même la force d’avaler sa salive, le simple fait de saluer ses confrères fut un effrayant labeur. Il se dirigea vers la mine, tel un zombie, afin d’y extraire de belles quantités de souffre. Le travail était bien plus contraignant aujourd’hui que lors d’un jour ordinaire. La grotte enfumée empêchait à tous ces haveurs de respirer normalement et le grisou, en quantité abominable, s’enflamma de nombreuses fois imposant aux aventuriers de s’évader précipitamment de l’endroit. Ce gaz était la pire crainte des mineurs et ce fut donc dans une ambiance lourde que chacun piochait la roche. Pour celui qui avait veillé, chaque mouvement était souffrance, chaque geste hécatombe ; les muscles et le corps tout entier ne pouvaient plus suivre ce que la volonté imposait. C’était comme si la pierre, elle même, se refusait à céder aux coups terribles que lui portait le Sinan. Ce n’était plus la force qui était usée, mais le poids d’un corps décharné, qui à chaque minute s’épuisait plus encore. Lorsque enfin Archimed sentit son âme se morceler sous les effets de la fatigue, il décida de faire une halte. Il avait agit comme un forcené jusque-là, il se flagellait presque dans l’effort, tel un miséreux cherchant sa subsistance. Le dernier trajet fut terrible ; il était achevé.

Il s’assit dans le désert des hommes bleus, récolta des fruits, puis se reposa un court moment. Galeinth’ Aseyis formait un parfait contraste avec son mode de vie. On y restait, paisible, et chacun discutait à son aise autour du dépôt. Il y faisait toujours beau ; le soleil dardait d’aplomb et faisait reluire le front de Niyeh Gath. Cependant, cette chaleur n’était pas étouffante comme à Kial Kraw ou au désert des pins. C’était une douce et réconfortante température. De plus, si le soleil devenait trop pesant, chacun pouvait se baigner tranquillement dans l’oasis et se rafraîchir.

On sympathisait autour du camps et les flâneurs qui traînaient là étaient souvent coiffés de chapeaux plumes ou autres habits distingués qui les rendaient plus laids que nature. Ils se voilaient presque le visage, l’esprit, ne savaient plus se montrer sous un jour véritable. Bien qu’écœuré par cette ambiance, trop hypocrite à son goût, Archimed ne pouvait nier qu’il se plaisait à reposer ici. C’était le lieu des poètes. On y venait avec son parchemin et sa plume et on contemplait le monde sous son aspect le plus beau. Lui, préférait décrire dans ses textes le malheur, le désespoir et tout ce qu ‘on voyait de plus morbide dans les Landes. Il n’y trouva donc aucune inspiration.

Pourtant tout semblait presque disposé afin qu’on puisse en faire une éloge somptueuse :Le ciel bleu, trop bleu, à un tel point qu’il paraissait irréel, ces saluts mondains et cette vie en groupe qui présentait une certaine naïveté touchante ; on ne pouvait faire meilleure peinture. Il était ému par cette euphorie silencieuse et cette majestueuse beauté comme tout un chacun. Elle marquait toutefois plus le dépit que la joie de même que ses rêves de désillusionné. Il se dirigea ensuite d ‘une démarche incertaine vers sa réserve de minéraux. Il les malaxa, les mélangea avec quelques autres végétaux et en fit des essences qu’il comptait ensuite revendre aux forgerons. Il pratiquait des tarifs inimaginables au risque de ne pas être revendu. ; son but était purement lucratif. Une fois ce travail achevé, il rehaussa ses longs cheveux blonds en arrière, fier de son œuvre ; on l’observait.

Comme il était dommage que l’amertume ait noirci l’âme de cet homme ! Comme il pouvait paraître beau s’il ne portait en son visage un symptôme d’aigri ! On aurait pu penser en le dévisageant que les cernes s’étaient étalées sur ce visage et que c’était là la cause du teint mat de sa peau. Lorsqu’il en venait à sourire, elle s’éclairait et ce n’était plus un sombre Sinan que l’on avait en face de soit. Sinon son corps d’acharné et ses pieds musclés lui donnaient un certain charme. Il portait un habit ocre dépecé qui laissait voir le haut de son torse. Son pantalon ressemblait à un pyjama, comme si, n’ayant pas dormi, il n’avait pas pensé à se changer. Ses bottes étaient souillées de boue séchée qui se confondait parfaitement avec la couleur de sa peau. L’ensemble lui donnait une allure sauvage, naturelle, et il se dégageait de lui une vérité que peu avaient sût garder au fil du temps.

Il abordait les gens, trop heureux de faire connaissance. Le geste, en soi, n’était pas un réel plaisir pour lui, mais il comptait être en mesure, plus tard, d’user de ses fréquentations afin de se sortir des obstacles les plus douloureux. Il discutait la avec NaNaSHi, l’un de ses personnages superficiels qu’il haïssait tant et qui trainait souvent là, à Galeinth Aseyis. Ils se saluèrent tout d’abord, puis :
- Viens tu au conseil, ce soir ?
- Bien sûr, je ne manquerais cela pour rien au monde répondit ironiquement Archimed.
- Ca ne t’intéresse pas ? s’étonna NaNaSHi.
- Bof, tu sais, la politique en soi, ça m’intéresse mais les débats monotones de Luxin…
- Tu ne viens donc pas ?
Archimed, avec une mine désappointée soupira :
- Je n’ai pas le choix. Le peuple est en déroute, je me dois de montrer l’exemple. Si personne n’y va, les autres croiront que le désintéressement des Sinans pour la politique est réel et …
Et ainsi ils continuaient. Discution vide, dénuée de sens ; tout dans son attitude était calculé…

Il alla ensuite dans la salle sinane, s’occupa un peu de la politique de son peuple. De nombreux parchemins gisaient, désordonnés, sur l’autel au centre de la pièce. Valiant, Zerty et Palladio étaient assis là, sur des fauteuils, dans un coin contre le mur. Ils causaient de choses et d’autres, du conseil, des délicates questions diplomatiques en cours. Il les salua, s’installa sur un fauteuil à leurs côtés et exprimait ses opinions. Ici, chaque sujet avait un intérêt particulier; on débattait de l’avenir du peuple et des Landes en général. On n’y avait point de préjugés et personne ne gardait rancune d’une quelconque offese. L’échange étant clot, Archimed se leva et déchiffra les parchemins déposés sur la table.

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