Histoire d'une errance éternelle ...

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Bonaparte
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Histoire d'une errance éternelle ...

Message par Bonaparte »

Des effluves printanières s'échappent des champs frâichement labourrés.
Les épis de blé, sous le pas de lourdes bottes cirées s'enfoncent alors dans la Terre, laissant une trace maculée, l'empreinte singulière du pas d'un vieillard finalement peu connu.

Il avance lentement, posant le pied droit avant le gauche, procédurier, et méthodologique, comme si il craignait de feindre une erreur. Alors seulement, lorsque le ciel sera au centre des cieux, les larges stigmates encombrant son visage se feront vifs et chauds. Ceux-ci entoureront un visage fin mais arraché par le temps et l'épreuve, ils se feront dominateurs d'une tête symétrique : deux larges yeux mélangeant iris noirâtres, parfaites billes de plomb, et paupières blanches imaculées. D'épais cils étirés souléveront alors une expression hautaine, qui se voudra supérieure. Surélevant tout cette fantasmagorie, de profondes rides marqueront la fin du portrait. Alors on se concetrera sur le nez, long cylindre qui rapprochera pupilles et bouche. Cette bouche mélancolique transformera alors un visage inoffensif, en celui d'un étranger vagabondant. Enfin, comme pour soutenir cette edifice, un épais menton portera toute la lourdeur à lui seule du colossal batîment.

L'Homme n'est vêtu que d'une simple toge, symbole de modestie notoire. Une légère cape entourant son torse lui permet de pas trop ressentir la bise. Il ne porte ni arme, ni armure. Jamais il n'aurait pu s(y faire ...

Les quelques minutes de Soleil seront vite supplantés par de longues heures de bourrasques. Une averse incongrue força le vieil Homme à se dépêcher. Il regarda autour de lui, pluvieux ou non, il connaissait ce paysage par coeur pour l'avoir chevauché plus de cinquante années durant. Sa décision fut prise, il emprunta le sentier de Trépont pour se rendre à la Taverne. Là, il attendrait que cesse la pluie ...
" Vivre dans la défaîte , c'est mourir tous les jours ... "
" La parole forme une véritable arme quand elle sait être utilisée à escient ..."

Bonaparte, porte parole du Village, vieux mage, toujours la plume à la main.

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Bonaparte
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A l'intérieur, l'Homme fut pris d'émotions singulières. Comme des spasmes mentaux qui troublèrent sa vision, l'anxiété sans doute. Il porta à sa barbe deux doigts étendus, étranglés aux phalanges qui s'enfoncèrent instantanément dans l'épaisse masse de poils grisonnants.
Il se posa non loin de la fenêtre pour guetter l'acalmie et reprendre son périple. Le dernier sans doute ...

Non loin, un groupe d'ivrognes festoyaient. Leurs hurlements insanes troublaient l'assemblée, ce qui, à la mémoire du vieillard, lui rappela le haut-conseil des peuples. Conseil où il avait eu jadis la "chance" de siéger.

Un jeune Sinan s'approcha de lui. Il portait la misère du monde sur son visage have et craintif. Il semblait se murmurer sur ses blafardes lèvres un cri de secours, de pitié. Mais de comisération, le vieil Homme n'en avait plus, n'en éprouvait plus. Il se contenta d'un bref salut antipathique. Le Sinan en fit de même.

Puis sans plus aucun hochement de tête, il passa en revue la Taverne. Celle-ci depuis son arrivée avait très peu changé; la ténancière était toujours la même, sympathique demoiselle que les plus infâmes ragots qualifiaient de contrebandière. Côté décoratif, quelques tableaux ça et là, rappelant un souvenir, une émotion diverse, le passage mouvementé d'un Aventurier avaient fait irruption. Ils racontaient des scènes mièvres ou fascinantes, selon les humeurs de ceux qui les avaient peints. "Kulpsa" revenait souvent en guise de signature sur ces toiles. Tous étaient magnifiques, ils mélangeait couleurs, traits vifs et réalistes sur quelques toiles d'une cinquantaine de centimètres, illustrant la vie dans sa beauté à la fois profonde et si impénétrable. D'autres étaient accompagnés d'un message, d'une missive, d'une note voire d'un bulletin. La plupart avaient disparu sous la masse de parchemins, laissant s'envoler le temps qui perle sur les doigts des Aventuriers sans jamais crier gare.
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Bonaparte
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Au plafond, de larges fissures offraient à la salle des allures lugubres de vestige. Mais cette insalubrité était fortement compensée par les lambeaux de lumière qui pénétraient au travers des fenêtres, même par temps de pluie. Ils se diffusaient sur les mûrs, sur le comptoir, les tables, rendant une pièce anodine, un palais attirant et envoûtant.

Toutefois, cette Taverne portait mal son nom. En effet, le mobilier représentatif de l'ethnie Naine était peu présent. Il y a avait ça et là, quelques tonneaux, certes, empilés grossièrement, mais ce furent surtout des buffets, des tables basses, des chaises sombres et de paille qui manquaient à cette salle pour la rendre crédible. Non rien de tout cela, simplement, des meubles de qualité contestable, de hautes tables où seuls les Galdurs prenaient leurs aises. Le bois était la matière première.
Or les Nains n'aiment pas le bois. Ils réfutent les forêts, où sont censés vivre leurs pires antagonistes : les Elfes. Mais tout ceux-ci n'est que clichet, aussi à l'entrée dans la salle, toute pensée de la sorte est balayée d'un coup de grâce.
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Mais ce jour, le vieillard le remarquait. Des dizaines d'idées se mélangeaient en son esprit dont celle-ci. Tout n'était que mensonge, rien ne pouvait être vrai en de telles Terres. Trop d'approximations et d'imperfection qui brouillaient son esprit. Ces cinquantes années passées en ces Terres, en une seconde, étaient remises en question. Et si, il avait passé les deux tiers de sa vie à se mentir ? Et la véracité de son âme n'avait jamais existé ...

De telles questions le chamboulait. Il étouffait. Il dut à plusieurs reprises se lever pour éviter de penser. Il regarda alors les diverses affiches. Certaines étaient écrites dans une langue tant icompréhensibles qu'il refusa de lire plus. Il préféra commander une outranque à la ténancière. Mais alors qu'il se rendit au comptoir, le Sinan revint à la charge et lui posa une ultime question.

" Qui êtes vous ? ". Cette interrogation, Bonaparte l'avait redouté. Jamais il n'avait réellement pris le temps de raconter sa vie, mais là c'était différent. On le lui demandait directement ...
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Alors, après quelque tentatives de désistement, il se mit à parler :

" Je m'appelle Maximilien de Bonaparte. Ce prénom singulier, je le dois à mon père, Maximus Bonaparta. Il était paysan, fils de paysan, petit-fils de paysan. Ha, ses journées n'étaient guère facile. Il disait souvent travailler dûr pour sa famille, pour ses enfants. Jamais je n'ai réalisé réellement ce sacrifice. Il nous a donné sa vie, te rends-tu compte ? Sa vie !
Un jour il revint du champ avec tant de douleurs, qu'il duT s'allonger prestemment. Quelques heures plus tard, on le retrouvait mort. J'avais quatorze années, et déjà j'étais orphelin.

Ma mère, je ne l'ai pas connu. Elle est morte en me donnant la vie. Mon père a toujours essayé de ne point m'en faire le repproche, quel ange il était. Elle s'appelait Caterina Vilendio. Mes parents s'étaient mariés à 24 ans. Ils avaient le même âge. Quand ma mère est morte, elle en avait 36, et mon père lui, est mort à 50 ans.

Je ne vais point insister plus longtemps sur mes parents. Bien qu'ils le méritent, contrairement à moi. Lorsque je me suis retrouvé totalement seuls, j'ai été recueilli par une femme de Soldat. J'avais quinze années, l'âge de la maturité. Déjà, je connaissais plein de choses sur le monde, sur la vie, sur la pensée, sur les Hommes en général. Mais contrairement à mon père adoptif, je n'avais jamais manié les armes.

Vite, il eut le désir de m'y initier. Il n'avait jamais eu de fils, jamais personne à qui apprendre l'art de la Guerre. Il n'était qu'un simple vougier dans une armée gigantesque. Et tel le Nain devant un urinoir, il devait placer la barre très haut ... pour se faire une place parmi les nobles.
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