[Achevé] Exils

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Eryann
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[Achevé] Exils

Message par Eryann »

Il fait noir, si noir. Pas de lumière, Rien. Le Vide. La Paix.
Soudain, comme un bruit sourd. Ça cogne, BAM ! BAM ! Le bruit qui s'amplifie, devient l'Univers entier. Malgré le vacarme assourdissant de ce battement, tout est calme. Tout est le battement. Soudain, vitesse, d'abord lente, ensuite rapide. Elle est saccadée, suivant le rythme du BAM! BAM ! Qui continue, toujours aussi puissant, assourdissant. Quelques chose semble se dessiner dans le néant. Comme un couloir. Rempli de Vert. D'abord petit ensuite plus grand. La vitesse est maintenant régulière, elle ne suis plus le battement toujours présent. Comme une sensation de liquide qui s'agite, se meut. De plus en plus vite. Bientôt une rencontre, un tunnel plus petit. Le tunnel se met à descendre. La pente est de plus en plus raide, la vitesse est de plus en plus élevée. Vertigineuse.
Changement de couleur. Brun, sale, mais bien plus calme. Sérénité. Tout redevient noir. Mais pas le noir profond du début, no,n, pas cette sensation de vide. Ici, tout est si vivant, comme si mêlé à toutes chose, comme si essence de toute vie. Le flot continue d'avancer. Soudain le silence.
La lumière




-Maître guérisseur, maitre guérisseur, je crois que le Capitaine vient d'ouvrir les yeux.
-Poussez-vous, laissez lui de la lumière. Capitaine Eryänn vous m'entendez ?
-Où suis-je ? Qu'est-ce ?
-Vous êtes de retour parmi le peuple sylvain.
-Cette lumière,...
-Calmez-vous, n'essayez pas de lutter. Vu le voyage que vous venez de faire, il est normal que votre corps ne vous obéisse pas
Il se lève
-Que faites vous ? Restez assis !
-Je vais bien, maître guérisseur, ne vous en faites pas.
Tout n'est encore que lumière. Il a du mal à distinguer qui lui parle, il reconnait juste la voix. Alors, il se rassied sur l'arbre de guérison et attend. Quelques minutes passent. Petit à petit, la réalité prend corps. La lumière devient moins éblouissante. Il commence à reconnaitre les maître guérisseur du domain sylvain. C'est un jeune elfe d'une centaine d'années comme lui. Il porte, comme lui, une tunique en lin blanc et un pantalon de la même couleur. Ses cheveux blonds clairs tombaient élégamment sur ses épaules, simplement retenus par une tresse centrale.
-Merci maître guérisseur.
-Ne me remerciez pas, capitaine, remerciez le, lui, répondit le médecin en désignant l'arbre en forme de litière sur lequel il était assis.
L'arbuste ressemblait à un lierre bien qu'il parût cent fois plus solide. L'environnement commençait à être plus clair. Il pouvait mentalement voir tout le sanatorium. C'était une pièce rectangulaire à ciel ouvert. La lumière du soleil venait directement du ciel, non filtré par les feuilles des arbres. Les murs étaient fait d'une paroi de feuilles et de bois. Les murs semblaient vivants et en fait ils l'étaient : c'étaient des arbres. Autour de lui, il y avait cinquante lits de soins. Celui à côté de lui était vide, comme la majorité des autres de la pièce. Plus loin, les deux derniers de la salle étaient occupés. Deux elfes étaient couchés, chacun sur un arbre de soin. Les arbustes les recouvraient entièrement, entrant dans leur bouche et faisant leur travail de réparation des blessures. Eryänn avait retrouvé toutes ses facultés. « Ce système de Plantes soignantes est vraiment étonnant » se dit il en regardant les deux elfes entrain de se faire guérir. Il essaya de se relever. Parfait, ses jambes le portaient.
-Je vois que vous vous rétablissez vite, capitaine
Il avait oublié le maître guérisseur... Il s'abaissa auprès de la plante qui l'avait soigné et il fit une prière intérieure pour sa sauveuse.
Il s'en alla, adressant un dernier regard au guérisseur. Il sortit du Sanatorium. Il se trouvait devant une place plus ou moins ovale. Ici, la lumière était bien moins vive qu'au Sanatorium. Elle était filtrée par l'épaisseur des feuilles des arbres. L'air sentait l'humus et les feuilles, la forêt était saine et bien tenue. Tandis que l'elfe humait l'air, un autre elfe s'approcha de lui.
- Bonjour Capitaine. 
C'était Fersir, un de ses subordonnés.
- Bonjour Fersir.
- Vous venez de sortir du Sanatorium ?
- Effectivement.
Le langage elfique était assez laconique et ne embêtait pas de politesses.
- Dis moi Fersir, pourquoi me suis-je retrouvé au Sanatorium ?
- Vous ne vous souvenez de rien ?
- De rien
- Et bien, c'est dommage, c'est une bataille qui restera des les anales de l'Ordre, sans conteste.
- Raconte-moi tout.
Les deux elfes sortirent du sanctuaire et Fersir se mit à raconter les évènements des derniers jours.
Dernière modification par Eryann le 26 mars 2011, 12:48, modifié 1 fois.
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Eryann
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Re: [Achevé] Exils

Message par Eryann »

-Nous étions la veille du solstice d'été, c'est à dire, il y a sept jours. Des éclaireurs des contrées de l'Est nous avaient signalés de grands rassemblements d'orcs armés qui avaient traversé les Terres Sauvages et se dirigeaient vers le Domaine Sylvain. Les Grands prêtres prirent la décision de riposter sans attendre. Les forces furent mis en place immédiatement, et deux, jours plus tard, nous fûmes prêts à accueillir les hordes d'impurs. La première attaque arriva il a quatre jours. Un attaque si inattendue que nous faillîmes tout perdre. Ils avaient attaqué des tous les côtés avec une étonnante synchronicité. Ils enfoncèrent nos première défenses comme s'ils savaient où elles étaient postées. Ils gagnaient du terrain. Tout le sanctuaire était assiégé. Le conseil décida de rassembler les ultimes défenseurs. Vous fûtes portés à la tête de la garnison d'archers.
Les deux elfes arrivèrent au pied d'un énorme érable.
-Je me rappelle, continua le novice, c'était ici.
Il monta dans l'arbre et Eryänn le suivit.
-Vous voyez, ils étaient là. Nous nous tenions ici, sur cette branche, lorsqu'ils ont donné l'assaut. Nous tuons la première vague, mais ils arrivent encore plus nombreux. Ils étaient au pied de l'érable et nous dûmes descendre pour croiser le fer. Vous avez entamé le combat contre leur commandant. Le combat était superbe, ni vous ni lui n'arrivaient à prendre le dessus sur l'autre. Mais un des orcs, sale vermine puante, a décoché une flèche et vous fûtes atteint en plein dos, tandis qu'un des notre fit de même avec votre adversaire. Le combat avait repris et ils commençaient à nous submerger
Eryänn interrompit le jeune sylvain :
-Comment se fait-il que nous soyons encore ici ?
-J'y viens, ne soyons pas hâtifs. Au moment où nous allions céder, un de nos frères, sans doute un grand prêtre vu son age, arriva, prononça une étrange formule et les plantes de la forte se mirent à attaquer les orcs. Nous apprîmes par la suite qu'il avait retrouvé une formule antique permettant à la foret de se défendre des envahisseurs. Tous les impurs furent tués. Les arbres ont bien fait leur travail. C'était une vraie boucherie, il y avait des corps partout et la terre était noire de sang impur. Les deux elfes avaient fini leur tour et étaient revenus à leur point de départ.

La nuit était tombée sur le domaine sylvain et les arbres s'étaient parés de leur habit de nuit : ils étaient argentés, des racines aux feuilles. On aurait pas dit la nuit. Les arbre luisaient tant dans la lumière lunaire qu'Eryänn pouvait voir comme en plein jour. Il sentait qu'un certaine torpeur atteignait ses jambes, signe, qu'il était temps qu'il médite quelques heures, sur la cime d'un arbre. Car les elfes sylvains ne dorment pas, pas plus qu'ils ne meurent. Non. Ils grimpent au sommet d'un de leurs arbres chéris et restent assis, les yeux ouverts, durant quelques heures afin de récupérer de l'énergie de la Nature. De même, ils ne mangeaient pas, leur corps étant nourri par cette énergie qu'ils puisaient en méditant.
Il arrivait parfois que, lors de ces séances de calme, certains elfes voient des moments passé, voire même futurs de leur longue vie. Eryänn eût cette nuit là, une de ses visions pareilles à ce que les humains appellent rêve. Il vit la bataille, telle que Fersir lui avait racontée. Les centaine d'elfes alignés dans les arbres, et en bas, cette troupe d'orcs grouillante et mouvante comme un seul corps profanant la sainteté de la foret. Il se vit, commandant les archers. Soudain, la première vague arriva. Le Capitaine ordonna aux archers de décocher leurs flèches. Tous les orcs tombèrent. L'odeur du sang emplissait l'air et s'infiltrait dans la Terre-Mère sacrée, entachant de noir, la mousse dorée. Mais bientôt ce fut toute la masse des orcs tout entière qui se mit à se mouvoir, les traits elfiques avaient beau pleuvoir, les créatures puantes se rapprochaient encore. Bientôt, ils furent encerclés. Eryänn décida qu'il était temps d'aller défendre les Domaine dans une ultime défense. Il fit signe aux derniers survivants de descendre de l'arbre et de tirer leur épée. La masse des orcs s'ouvrit lorsque le Capitaine ses Sylvains atterrit au sol. Tous les orcs s'étaient tus, attendant le début de l'affrontement final. Eryänn se tenait là, doit comme un i, parmi ces monstres baveux et puants assoiffés de pouvoir et de sang elfique. La foule sembla tressaillir et l'elfe put voir au loin un couloir se former autour d'un orc tout particulièrement hideux. Le monstre avançait vers l'elfe d'un pas déterminé. Il se planta devant lui, et de sa voix grave et maléfique, dit d'un air de défi
-Ce soir, je vais avoir le plaisir de boire votre sang, maître archer 
Les orcs s'esclaffèrent. Eryänn prit à son tout la parole, d'une voix posée et monocorde :
-Regardez bien, chef de l'armée sacrilège. Ce ceci est mon sang. Jamais vous n'y toucherez, car ce soir, j'aurai l'honneur de mettre le feu à votre dépouille, fit l'elfe en se coupant volontairement la paume de la main et laissant tomber quelques gouttes sur le sol.
Sur ce, les deux chef croisèrent le fer. La lutte était égale et aurait pu durer des heures. Soudain, Eryänn entendit un de ses archers lui hurler « Capitaine, attention ». Il sentit une pointe froide au milieu de son dos puis sombra dans l'inconscience.
Dernière modification par Eryann le 11 févr. 2014, 16:33, modifié 2 fois.
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Eryann
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Re: [Achevé] Exils

Message par Eryann »

-Capitaine, capitaine.
Il sorti de sa transe.
-Tu es trop empressée Fersir, cela n'est normal pour un sylvain, répondit Eryänn sans ouvrir les yeux.
-Je sais Capitaine,mais l'affaire est urgente... Le Conseil vous mande à une session extraordinaire.
-Moi ? Mais pourquoi ?
-Nul ne le sait...
-Allons voir
L'elfe descendit de l'arbre sur lequel il se trouvait et se rendit dans le domaine Sacré. Il arriva sur la place. Là, des centaines d'elfes étaient rassemblés, laissant une voix d'accès libre au Cénacle du Conseil, juste en face du Sanatorium dans lequel il s'était rassemblé il y a quelques heures. Il était rare que le conseil se réunisse au pied levé et l'affaire devait être grave. Eryänn traversa la foule et, tandis qu'il marchait dans l'allée, il essaya de se rappeler ce qu'il savait sur le Conseil Sylvain. Ce Conseil était composé des huit elfes les plus anciens du peuple sylvain et étaient appelés prêtres. Ils se réunissaient d'habitude toutes les nuits de pleine lune pour discuter ensemble de certains des problèmes surgit durant les 28 jours écoulés.
Mais parfois, bien que aucun elfe n'ai , d'ordinaire pas besoin de directeur de conscience tant la nature lui disait ce qu'il était bon de faire, il se pouvait qu'un sylvain perde la voix de la Nature et c'était au Conseil de statuer sur son sort. Les prêtres se transforment alors en juge, écoutent le fautif puis décident sur son sort. Toutefois le cas était extrêmement rare et Eryänn n'avait pas le souvenir d'une telle réunion impromptue. Tout ce qu'il savait du cénacle devant lequel il était maintenant, c'est que son entrée était inaccessible aux elfes non admis en son sein. Il était devant la paroi d'arbustes qui délimitait le Cénacle. Il y avait là, juste devant lui, un elfe à l'allure bien plus noble que lui, bien qu'un œil non exercé n'aurait pu les dissocier. Ce devait être un des prêtres dont aucun sylvain ne connaissait l'identité. Le prêtre lui fit signe d'avancer. Le prêtre prononça une phrase dans laquelle Eryänn ne put reconnaître que quelques syllabes « Ce doit être un langage si ancien que seuls les prêtres le connaissent ». La paroi de feuilles et de branches s'ébranla et s'ouvrit pour laisser place à une ouverture. Eryänn entra. Il faisait très sombre à l'intérieur et le Capitaine sylvain, n'y voyait rien. L'air été lourd, presque palpable et semblait très ancien. Assurément, c'était l'endroit le plus ancien de toute la foret. A l'oreille, Eryänn pût s'imaginer l'endroit. Face à lui devait être une espèce d'estrade où siégeaient les prêtes. Lorsque ses yeux furent habitués à l'obscurité, il vit qu'il ne s'était pas trompé. Face à lui se tenaient les 8 prêtres, assis sur un gradin en hémicycle. Lui était debout en contre bas, au centre du cénacle. Le prêtre qui siégeait au milieu, sans doute le grand prêtre, prit la parole :
-Capitaine Eryänn, l'elfe avait une vois extraordinairement ancienne mais tout aussi forte, vous avez défendu bravement notre sanctuaire contre l'attaque des impurs il y a onze jours.
Où voulait en venir les prêtres ?
-Toutefois, vous avez été touché par une point de flèche lors du combat. Est-ce exact ?
Les Capitaine restait interdit : si le prêtre savait ce qu'il s'était passé, pourquoi lui demandait-il de confirmer ses dires :
-Oui, c'est exact.
Le prêtre continua :
-Vous avez passé trois jours dans un arbre de soin afin de réparer les dangers subits au combat. Est-ce exact ?
-C'est ce que l'on m'a dit, en effet. Murmure dans le Conseil.
-Vous avez été rendu impur parle contact avec le métal orc. Toutefois, en raison de votre passage dans l'arbre de soin et de la relative brièveté du contact avec le corps étranger, nous ne vous soumettrons pas au choix de votre peine. Nous vous déchargeons de votre poste au Sanctuaire et vous nommons chef du poste de garde des frontières Nord. Vous partez sur l'heure. Vous pouvez disposer.
Eryänn s'inclina. Il n'avait pas à contester le choix du conseil, s'il avait décidé ainsi, c'est que c'était la meilleure chose pour lui. Il sortit du cénacle. La foule était toujours là et la plupart des elfes jetaient au Capitaine des regards interrogateurs. Eryänn ne dit rien, ce qui se passai lorsqu'on était convoqué à une session du Conseil, aussi extraordinaire soit elle, ne devait jamais être révélée. Il devait quitter le Domaine avec la relève de la garde qui partirait dans les prochaines minutes.
L'elfe n'était pas triste, l'elfe n'était pas joyeux. Ces mots ne font pas partie du vocabulaire des Sylvains. Pas plus que Colère, Crainte ou Amour.



Journal d'Eryänn
28 félinien fingelien 380, Taverne du Trépont
Les événements que je raconte ici, sont sans nul doute les plus importants pour moi dans toute ma vie d'elfe. Je dis sans nul doute, car, nul ne sait jamais ce qu'il peut arriver. Ces évènements sont entamés par les brumes de la mémoire, mais je vais essayer de les relater avec le plus d'exactitude possible. J'étais arrivé depuis quelques semaine à la lisière Nord du Domaine sylvain.
Étrangement dirais-je aujourd'hui le Sanctuaire ne me manquait pas. Pas lus que la lisière nord, ne me plaisait. Je me disais à l'époque que c'était simplement mon destin d'être ici. Là bas, la forêt était plus sauvage, plus verte, moins ancienne mais aussi plus vivante et plus étonnante. Les arbres semblaient plus joyeux, plus heureux, comme si, au sanctuaire, quelque chose les empêchait d'être eux mêmes. Là-bas, il n'y avait d'autre trace de la présence d'animaux si ce n'est le chant des oiseaux (et encore c'était le hululement d'une chouette ou d'un hibou regagnant son trou après une nuit de chasse). Ici, dans ma retraite du Nord, la foret foisonnante de vie, surtout en cette fin de printemps. On pouvait entendre le chant des oiseaux à toute heure du jour et l'on pouvait croiser des espèces animales, jamais vues au Sanctuaire. Mais je m'égare.
Le jour qui nous intéresse, j'étais installé à la cime d'un arbre pour profiter des derniers instants de soleil avant la nuit. Soudain j'entendis un chant en bas, sur le sol. Je descendis de quelques branches, vérifier. C'était une jeune femelle humaine qui se baladait gentilement dans la foret. Je n'avais jamais entendu tel chant. Certes, il n'avait pas la beauté épurée des quelques chants elfiques que j'avais pu entendre, mais il avait la me beauté qu'un chant d'alouette ou de merle dans la foret. Je l'observai plus attentivement. Elle portait une robe verte qui semblait légère mais chaude. Elle était aussi grande que moi et portait élégamment ses cheveux bruns librement retombants sur ses épaules. Elle avait la taille fine et marchait non pas avec la grâce elfique mais avec une douce lourdeur.
Durant les quelques minutes que je passai à l'observer, je pus remarquer quelque chose : bien qu'elle fût d'aspect pataud et indiscret, par rapport aux nôtres, la foret ne semblait aucunement dérangée ni par sa présence, ni par son chant. Tout à coup, je remarquai des mouvements dans la pénombre du couchant : les sentinelles se mouvaient silencieusement entre les branches, encochant une flèche à leur arc et attendant mon signal. La femme était maintenant à quelques pas du chêne sur lequel je me trouvais. Je levai le bras pour signifier aux archers d'attendre. Après tout, cette jeune humaine , que je sais maintenant être ce qu'on appelle ici une eldorianne, n'avait rien d'un impur et la foret semblait contente de sa présence. L'humaine se pencha, cueillir une pensée jaune qui poussait contre le tronc de l'arbre et la glissa sous son oreille. Je sentis une tension : les sentinelles encapuchonnées et invisibles pour la femme avaient bandé leur arc et étaient paré à décocher leur flèche sur l'intruse. Je levai mon bras de plus belle. « Ne bougez pas, leur fis-je comprendre en code, qui ressemblait pour des oreilles non averties à un chant de rossignol. Peut-être allait-elle partir, peut-être n'était-ce qu'un animal habitant la foret au même titre qu'un petit marcassin que j'avais sauvé quelques jours plus tôt. Peut-être allait-elle continuer sa route ?
Soudain, alors que l'humaine en contre bas avait enlacé le tronc de l'arbre où je m'étais posté, j'entendis le bruit d'une corde d'arc qui se détend, et celui d'une flèche fendant l'air. Je vis, la femme s'effondrer, contre le tronc. Je descendit, moitié conscient du danger en criant à mes hommes
-Ne tirez plus, je m'en porte garant.
Lorsque j'arrivai en bas, il se mit à pleuvoir à grosses gouttes. Je pris la blessée dans mes bras. Elle haletait, cherchant l'air que la flèche plantée dans son poumon empêchait d'avoir.
-Aidez... Aidez... moi
Ne sachant que dire, je regardai son visage ; Ses yeux d'un vert profond étaient remplis de larmes qui coulaient sur ses joues couvertes de minuscules taches de rousseur. Son Sang coulait entre mes doigts et se mélangeaient à la boue. Une mèche de ses cheveux mouillés pendait sur son visage. Je la remis avec un doigt, regardant toujours cette femme inconnue qui mourrait entre mes bras. Elle semblait avoir de plus en plus de difficultés à respirer. Voyant qu'elle ne tiendrais plus longtemps, je réussis à articuler cette phrase :
-Sœur, quel est ton nom, que je te recommande à la nature ?
Elle me répondit dans un dernier souffle avant que la vie ne la quitte. La pluie avait détrempé tout. Je regardais le corps sans vie et une étrange sensation m'envahit : « Et si j'avais réagi plus tôt. Si ca tombe, des enfants ont perdu leur mère par ma faute. » Des milliers de pensées de ce genre me vinrent à l'esprit. Des larmes se mirent à couler le long de mes joues. Cette sensation était étrange, la tristesse, la honte. Que s'est-il passé cette nuit là, je n'en sais rien. Nul elfe sylvain n'avait jamais ressenti tel sentiment, ni aucun sentiment d'ailleurs. Malgré ma tristesse, je parvins à réfléchir. Je me résolus à enterrer le Dame au pied de l'arbre et de la recommander à l'esprit du chêne. Ainsi vivrait-elle à travers lui pour toujours.
Ma macabre besogne terminée, je me relevai et vis une trouve qui s'approchait. Un elfe que je n'avais jamais vu me dit d'une voix grave :
-Eryänn, le Conseil Sylvain vous mande sur le champ.
Le nouvelles allaient vite... Je m'y rendis sans attendre. Mon destin était clair : j'allais devoir me soumettre ma propre peine (nul elfe ne peut condamner un autre elfe). Je passerai sous silence les heures de marche passée, à pleurer cette femme, sous la pluie battante. Je rentrai à nouveau dans le Cénacle. Les prêtres étaient toujours là, comme s'il n'avaient pas bougé.
-Eryänn, commença le prêtre qui avait parlé lors de ma précédente comparution, vous étiez jusque la nuit passée Capitaine de la région Nord. Est-ce exact ?
De nouveau le même cinéma...
-C'est exact.
-Cette nuit vous avez repéré un envahisseur et cet envahisseur a détérioré et souillé les terres des sylvains.
Je n'en croyais pas mes oreilles : ainsi était-elle la loi des sylvains ? Tout être humain, si bienveillant soit il était il vu comme un ennemi ?
-Elfe, répondez !
-C'est exact, répondis-je d'une vois éteinte.
-Lorsque cet envahisseur a été abattu qu'avez vous fait ?
-Je suis descendu de mon poste et ai essayé de porter secours à la blessée, mais la blessure était trop grave et elle mourut dans mes bras. Murmure dans la Conseil.
-qu'avez vous fait de l'ennemi en suite ?
Je l'ai recommencé à l'arbre sous lequel je l'ai enterré, avouais-je. Silence de mort.
Les prêtres se levèrent de concert.
-Eryänn, reprit mon juge, pour les faits que vous avez confirmé lors de cette séance, quel est votre choix de sentence ?
-Je choisis l'exil. J'ai entendu parler d'une terre à découvrir appelée Praia, mieux connue sour le nom d'îlots Centraux. Je me condamne à y rester jusqu'à la fin de ma vie d'elfe.
-Qu'il en soit ainsi. Eryänn, elfe Sylvain, Ancien capitaine, du Domaine Sylvain. Pour avoir voulu porter secours à un envahisseur, pour l'avoir enterré sous un arbre et recommandé son âme au végétal et ..., avec un ton de dégout clairement affiché, avoir versé des larmes pour cet impur, nous vous vous être condamné à l'exil a vie sur les Iots Centraux. Conformément à notre code, vous perdez toute prérogative, tout accès et tout pouvoir physique ou moral. Puisse la Nature guider vos pas.
Le prêtre frappa dans les mains, et je sombrai dans l'inconscience.
Je ne sais combien de temps mon voyage vers les Landes Éternelle dura mais je me réveillai, dans un grotte où un humain m'accueillit en disant :
- Bienvenue dans les Landes Éternelles, voyageur ! Ses brumes se lèvent pour te voir y vivre de nombreuses aventures ! Sois prêt à affronter ton destin et celui d'une contrée entière.
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