Quitter les ilôts, reprendre sa route.

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
Durbela
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Inscription : 20 sept. 2012, 13:38

Quitter les ilôts, reprendre sa route.

Message par Durbela »

Séridiennes, Séridiens,

Lorsque vous lirez ceci, un bateau m’emmènera loin de ces ilots. Je les quitte car finalement, j’ai obtenu ici ce que je cherchais, une chose qu’on m’avait volé et que je ramène auprès des miens.
Lesquels, vous demandez vous ? Des Dvers, oui, mais pas ceux que j’ai décrit. Il est temps de dévoiler le mensonge dans lequel je me suis drapée afin de pouvoir m’emparer du bien que je convoitais. Les Dvers existent, mais ils ne sont pas un peuple à part. Ce sont des nains surtout, quelques humains, de rares elfes. Des bannis, des ennemis du « bien » tel que les idiots qui croient aux contes de fées l’imagine.
Nous ne sommes qu’un groupe de rejetés, une poignée d’êtres livrés à la nature et son hostilité. Pas de nains sombres dans une montagne reculée. Seulement des pauvres ères que les honnêtes gens craignent… à juste titre. Car nous sommes des mauvais. Qui un pillard, qui un voleur, qui un sacrilège, qui un violeur. Et moi dans tout ça ? Je suis une esclave en fuite, esclave d’une famille qui m’avait vendue rapidement à un mari, esclave d’un nain qui m’avait prise pour épouse de force et que j’ai castré dans son sommeil.

Libre je suis, libre je me suis juré de rester.

Alors que je quitte ces îles, je lève le voile, je laisse parler la vérité. La pure vérité. Auprès des Dvers, j’appris l’Art, la puissance de la magie sombre. Ce que les ignares appellent « lever les morts ». C’est tellement plus que cela. Une communion avec des esprits, des forces qui dépassent l’entendement des êtres du commun.
Je savais qu’ici, l’Art était plus facile. J’avais donc décidé de m’offrir le temps de m’exercer.
Je débarquai donc sur cette île que tous nomment Trépont. Je ne me souviens même pas s’il faisait jour ou nuit. Immédiatement, je posai les premières pierres de ma forteresse de mensonge. Je savais qu’il y avait des nains ici et je ne voulais pas qu’ils me gênent. J’ai rejeté leur autorité, leur peuple, me déclarant libre de mes actes. Cela, je le fis devant leur échevin, XlurP, en présence d’une galdure sympathique, Melah et d’un elfe, Voronwe. Qu’on ne dise pas que ce ne fut pas fait devant témoin. Apatride, ils appellent ça ici. J’ai cru que ce statut me protégerait, que cette scène suffirait. Qu’ai-je été sotte…

Je me mis rapidement à la recherche de cette chose que j’étais venue chercher, mais presqu’immédiatement, je compris que ma quête serait longue. Alors je commençai à m’exercer à l’Art. L’échevin m’ayant surprise –encore eût-il fallu que je me cache – il finit par venir me voir, discrètement. Ce vieux libidineux me proposa un marché. Les clauses étaient les suivantes : je pratiquais en toute discrétion mon art, je faisais montre de me joindre au peuple nain et surtout j’acceptais de m’offrir à lui. Je crois que le rire moqueur qu’il reçut pour toute réponse le blessa au plus profond de son être. Comme il a longtemps couvert le nain nécromant Bagnar, je me demande si ce dernier remplissait auprès du vieux pervers les fonctions que je lui avais refusé.
Le fait est que, le lendemain, en allant commercer à Nord-Thyl, je fus interpellée par une sentinelle qui tenta de m’arrêter. Je réussis à fuir de peu. Il me fallut quelques temps pour comprendre que le vieux débris m’avait dénoncé, jugée et bannie dans l’heure qui avait suivi notre rencontre, faisant fi de toutes les lois de Séridia.
J’étais jeune, nouvellement arrivée, d’une réputation rendue douteuse auprès des « bonnes gens » à cause de ma pratique de l’Art et de mon bannissement. Je savais que je ne serais pas crue si je le dénonçais. D’ailleurs, le serai-je aujourd’hui ? Qu’importe, mon bateau est loin déjà quand votre œil lira ces mots.

Bannie, donc, mais non vaincue. Je saisis aussitôt le Chambellan, pour que la décision soit cassée. Mon argumentaire était prêt : un nain compatissant m’avait fourni toutes les archives dont j’avais besoin. Je vous en retranscris l’intégralité à la fin, si la curiosité vous étreint.
Le dossier ne dut pas aller bien loin, ce vieux croulant avait lui-même été chambellan et avait de nombreux contacts dans le Palais, le chambellan en titre, Balek, était lui-même un nain… Chambellan et anciens chambellans se soutinrent mutuellement et mon dossier n’alla pas plus loin. Certainement est-il encore en dessous d’une pile, en attente d’être traité. Peut-être le sera-t-il dans quelques fingeliens, qui sait ?

Bannie, donc, mais non isolée. Les nains n’avaient que faire de la décision de leur juge. Certains sentaient certainement l’obscure raison de mon bannissement. Et donc presqu’aucun ne respecta la décision de justice. Les seuls qui restèrent fidèles à cette décision, si injuste soit-elle, sont Haraldclaxnar, qui fut le seul à ne rien accepter de moi, pas même quelques paroles, Balek, Kurzor, et enfin Sarumane. Les autres préférèrent utiliser leur cerveau et être justes envers moi.
Ainsi le nain Borgnole commerça avec moi 3000 fourrures de lapin blanc et 10.000 fioles vides bombées. Pour cela, il fut violemment inquiété et le vieux croulant tenta de le bannir pour le punir.
Bagnar reçut de ma part des traités. Peut-être d’ailleurs étaient-ils destinés à XlurP qui les recherchait à ce moment là.
Après ces premiers achats, le vieux pourri de XlurP rappela aux nains qu’il était interdit de commercer avec moi… Et Mark m’acheta le traité des épées de glace, Vlad_Barad me prit 5 parchemins de sanctuaires, Warel 5 puis 15 autres parchemins, Grung acquit auprès de moi 5 essences volcaniques enrichies, Ikina : 200 fourrures de loup, 200 de castor, 200 de cerf, 200 de torcos, 200 queues de rats. Quelques nains de moindre réputation obtinrent aussi quelques armes : big eu un cimeterre, un sabre, un bouclier nain, un heaume en acier et des potions, Whiteknight fit l’acquisition auprès de moi d’un cimeterre.
Je n’oublie pas Tigrou qui m’avait passé commande de parchemins de bijouterie irillionnaise, même après avoir été averti que j’étais bannie, ni Tolned, qui fut prix en train de commercer avec moi par Haraldclaxnar et me proposa donc de passer par un coursier pour nos échanges.
Et voilà pour la crédibilité de l’échevin nain. Désavoué par son peuple, tel qu’il le méritait.

Et voilà, la vérité est dite et un navire m’emmène au loin. Que les Landes avalent ce chien de XlurP, aux autres nains je ne garde pas de rancœur, et même une certaine reconnaissance envers tous ceux qui refusèrent de m’isoler.

Et mes derniers mots sur ces ilots vont à une personne qui m’est désormais chère. Llariarith est l’une des trop rares personnes à avoir pris le temps de m’écouter, à s’être intéressée à moi. Peut-être aurais-je du lui dire toute la vérité avant de partir, mais qui mieux qu’elle peut comprendre les blessures qui entravent le cœur d’une femme.
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Du sang au sang,
Des cendres aux cendres,
la mort appelle la mort


Prière dver

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