Chroniques des Deregden sur le continent.

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Ours Gris
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Chroniques des Deregden sur le continent.

Message par Ours Gris »

A Anitora, quand le soleil se couche et que le marché se vide de ses clients, les marchands se réunissent sous une grande tente qu'illuminent quelques braséros. Pendant un long moment, jusqu'à que ce que les lunes soient haut dans le ciel nocturne, l'on entend des rires, des exclamations et le bruit de couverts qui s'entrechoquent, de choppes de bières reposées sur la table en bois. Mais vient le temps des contes, le silence se fait, naturellement, chacun a fini de manger, l'agitation retombe.

Chacun à son tour raconte une histoire, Barad et Vargra content volontiers la colonisation d'Irilion mais un inconnu camouflé derrière un grand capuchon conte, lui, l'histoire de ceux qui n'ont pas pu venir. L'histoire d'une famille du clan Deregden qui n'est pas monté sur les navires éperons de l'époque et qui a du rester sur le continent. Il conte ce clan maudit ici et là bas. Ce clan qui renait de ses cendres, ici et la bas.


Blithilde était une jeune femme Galdure du clan des Deregden, la dernière fille du Skold. Elle était grande, ses bras puissants portaient sans peine un tronc d'arbre et sa maitrise des armes était impressionnante. Comme tout le clan Blithilde devait partir vers les Terres Inconnue. Vers ces Ilots Centraux de légende dont on n'était même pas surs qu'ils existent.

Le premier navire avait refait surface, si l'on peut dire, des débris étaient venus caresser les côtes, preuve de leur échec, preuve de leur décès. Mais ils n'avaient pas renoncé, avec l'aide d'autres clans, des nains, des sinans, ils avaient créé de nouveaux navires, plus rapides, plus puissants.

Bien qu'enceinte Blithilde avait prévu de partir avec les autres. Elle avait rempli un maigre baluchon de ses fourrures et autres possessions et elle avait gravi la simple planche de bois qui symbolisait le départ vers les Ilots, vers ce qui deviendrait Irilion. C'est sur la planche que la douleur la surprit, aiguë, claire, incisive. Elle trébucha sans pour autant tomber, trop fière pour cela. Mais sous elle le bois était mouillé et tous savaient ce que cela signifiait. L'enfant arrivait. L'enfant aurait du naitre après le voyage.

Elle descendit du navire, maigre baluchon toujours sur l'épaule, repoussant d'un grognement quiconque aurait voulu la soutenir. La sage femme vint la rejoindre et sous la hutte une nouvelle vie découvrit le monde. Aucun cri ne vint ponctuer la nuit, l'enfant naquit en silence, trop faible pour hurler son défi au monde. Le navire partit sans qu'elle puisse dire au revoir à ses frères, mais elle était trop épuisée pour s'en soucier. L'enfant était né trop tôt, beaucoup trop tôt. Et pourtant il vivait. Blithilde et l'enfant ont survécu, il était tout faiblard au début, on aurait cru un bébé K'uuuult. Ils l'ont appelé Irskold, protégé par Irzygg, cet enfant qui n'aurait pas du naitre si tôt, et qui sans doute serait mort s'il était venu au monde quelques jours plus tard, sur un navire en proie aux eaux dangereuses de la mer d'écumes.

Blithilde avait vu partir tous ses amis et ses frères et soeurs pour l'aventure qui les emmènerait sur Irilion, elle aurait du être sur le premier navire mais lorsque le troisième navire s'éloigna elle était encore là, Irskold dans ses bras. Elle comptait prendre le suivant, bien sur, il y aurait encore de nombreux navires pour cette terre inconnue.

Mais les eldorians ne l'entendaient pas de cette oreille. Blithilde ne participa pas aux combats, avec les autres jeunes mères elle protégeait les enfants encore trop faibles pour combattre. Mais à travers les planches mal resserrées de leur abri de fortune elle a vu le chantier naval exploser et bruler bien après que les agresseurs ne soient partis. Son époux et son ainé ne revinrent pas. Peu de combattants le firent. Livrées à elles-même les jeunes mères quittèrent les lieux du massacre pour gagner les hauteurs où elles savaient pouvoir chasser leur pitance.

Le clan se reforma petit à petit, au gré des rencontres et des voyages. Les derniers Deregden étaient devenus nomades sans savoir qu'au loin, en Irilion, les leurs étaient devenus des parias.


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