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Le temps d'un souvenir

Publié : 13 oct. 2016, 13:12
par Amelaide
Je me souviens ... du grand champ de blé à qui le vent donnait un air d'océan en formant de petites ondes qui se propageaient... de l'or qui m'éblouissait quand le soleil était haut dans le ciel et que sa lumière miroitait sur chaque épis. Je me souviens de mon père fauchant à tour de bras lors des moissons, de mes grands frères qui l’aidaient quand ils avaient fini de s’occuper des bêtes. Je vois encore ma mère, qui filait la laine des moutons, sans jamais s’arrêter jusqu’à en avoir mal aux mains.

Je me souviens de tout ça...mais quel âge avais-je alors ?

Je me souviens que la vie pouvait paraître belle, malgré les lourdes besognes qui pesaient sur les épaules de ma famille.

Je me souviens ...du bruit de l’eau...la rivière qui serpentait entre les rochers couverts de mousse, le clapotis des petites vagues qui heurtaient les cailloux entraînant parfois dans leur sillage quelques feuilles ou branches provenant probablement d’un des grands chênes qui peuplait la magnifique forêt située un peu plus en amont. Je me souviens que j’aimais aller remplir le sceau d’eau qui servirait à la toilette de mon père, ou à la cuisine de ma mère. Je ne pouvais pas faire grand-chose d’autre ...je n’étais alors qu’une enfant, mais j’étais fière de cette tâche qu’on me confiait et que je m’acharnais à remplir avec le plus de sérieux possible.

Je me souviens que la vie pouvait paraître belle de par sa simplicité. Nous menions une vie de paysans, avec de petits besoins, et peu de moyens. Les journées étaient longues pour ceux qui travaillaient, mais cela nous rapportait de quoi nous nourrir, nous chauffer l’hiver, et de quoi nous vêtir.

Les soirs, après le travail, ma famille profitait d’un petit moment de répit pour se détendre un peu. Mes frères se disputaient en général, du moins, lorsqu’ils n’étaient pas de sortie. Je me souviens bien me demander où ils allaient… en revoyant de mémoire leurs sourires quand ils rentraient, ils devaient probablement aller courir quelques jupons au village...mais à cette époque, j’étais encore bien innocente pour comprendre ce genre de chose. Alors que mon père allumait une pipe et commençait à s’endormir au coin du feu, ma mère me rejoignait tous les soirs, tenant dans ses mains l’unique livre qu’elle possédait. Je serais bien incapable de me rappeler de quoi il pouvait bien parler, mais elle s’acharnait à m’inculquer les rudiments de lecture qu’elle connaissait. Il était rare de savoir lire chez nous, et tout les soirs elle me répétait inlassablement la même phrase.

« Le savoir est la chose qui t’amènera le plus de bonheur »

Je me souviens encore de sa voix lorsqu’elle me disait ça … une voix où se mélangeait dans une harmonie presque parfaite l’incertitude, l’espoir, l’amour, et l’envie d’y croire. Je ne comprenais pas … la vie n’était pas merveilleuse tous les jours, je le réalisais bien...mais je me sentais heureuse. Je ne comprenais pas ...en quoi le savoir m’amènerait quelque chose de nouveau ? Et pourquoi je voudrais quelque chose d’autre que ce que j’avais ? Toutefois, ce moment avec ma mère était notre moment d’intimité, notre bulle de bien-être en toute complicité… alors j’apprenais à lire.

Puis venait le moment ou elle fermait le livre. Je vois encore le cuir noir de la couverture craquer un peu plus chaque jours, et les pages se jaunir de plus en plus avec le temps, à se demander comment tout ça pouvait encore ne former qu’un seul objet qui ne se délite pas ...mais le livre tenait bon et retrouvait sa place dans le coffre de ma mère. Elle sortait mon père de son demi sommeil, appelait mes frères, et tous au même moment nous allions nous coucher, nous reposer, et revivre la même journée le lendemain.

Je n’étais qu’une enfant, et j’aimais cette vie. Elle avait quelque chose de précieusement authentique dans sa simplicité, et quelque chose de particulièrement rassurant dans sa redondance.

Je me souviens… du visage de mon père ce soir là… aussi calme et serein que d’habitude. Mais sa voix ...sa voix trahissait son inquiétude quand il nous annonça, tout en essayant de paraître le plus détaché possible, la nouvelle qui avait courue tout le royaume.

« Le bruit court que notre reine est morte … sans qu’elle n’ait décidée laquelle de ses filles jumelles lui succédera »

Je ne comprenais pas l’inquiétude dans la voix de mon père...qu’est ce que ça allait changer pour nous ? Quand je posais la question on me répondait que je n’avais pas à m’inquiéter. Je me souviens...je ne devais pas m’inquiéter. Et en effet, les temps suivants cet épisode rien ne changeât réellement pour nous. Le royaume avait été scindé en deux, comme l’exigeait nos lois. Sans héritière légitime, et sans héritière choisie par la reine, les filles héritaient chacune de la moitié du royaume, et étaient libres de reformer un seul et unique royaume, ou de régner chacune sur sa partie.

A la fin de la moisson cette année, le bailli vînt réclamer la part due au royaume. Mon père était furieux… ils avaient réclamés, de ce qu’il disait, le triple de l’impôt habituel, pour un royaume deux fois plus petit. Les temps qui suivirent furent assez difficiles … le travail était le même, mais nos assiettes étaient bien moins remplies. Nous n’avions pas le choix, il fallait faire avec ce que nous avions. Je me souviens...de mon père qui fatiguait de semaines en semaines, sans jamais avoir l’audace de se plaindre. Il semblait vieillir, mais jours après jours il tenait bon dans son labeur.

Quelques mois s’écoulèrent, et l’hiver touchait à sa fin quand une troupe d’hommes en cheval est arrivée. Tous les hommes devaient se rendre devant le temple pour une annonce royale. Comme de bien entendu, ma mère et moi sommes restées chez nous, mais mon père parti devant le temple, accompagné de mes frères. Je me souviens… du silence. Le silence de ma mère qui attendait leur retour tout en filant la laine, encore et toujours. Je me souviens de l’ambiance lourde qui régnait ce jour la. Je suis allé cherché l’eau à la rivière, tout aussi sérieuse que d’habitude. Je cherchais sans doute à tromper l’angoisse en faisant semblant que c’était un jour comme les autres. A mon retour à la maison, je vis mon père et mes frère, installés têtes baissées à côté du feu qui assombrissait d’autant plus leurs visages. Mon père me fit signe de venir. Un fois assise proche de ma mère ils nous racontât. La guerre avait éclatée entre les deux royaumes. Impossible de savoir pourquoi, ni qui avait attaqué… mais c’était un fait, nous étions en guerre. Tous les hommes étaient évidement mobilisés. Le lendemains matin, des les premières leurs du soleil, mon père et mes frères partaient. Je me souviens… de la lueur orange du soleil lointain et de la brume. Je me souviens du froid et de la sensation de chaleur quand mon père me prit dans ses bras pour me dire au-revoir et des sanglots que je ne pu retenir...je ne voulais pas qu’ils partent … ils ne pouvaient pas casser notre routine, mon cocon … j’avais peur, je voulais mon père avec moi pour toujours. Je me souviens du visage de ma mère qui les regardait partir, restant digne devant sa fille, ne pleurant qu’intérieurement au moins autant de larmes que j’avais versé. Ce soir là, il n’y eut pas d’odeur de tabac dans la maison, pas de livre non plus. Seulement ma mère qui me disait que maintenant, nous allions devoir nous occuper à deux des champs et des bêtes, jusqu’au retour des hommes à la fin de la guerre.

Je n’étais qu’une enfant, mais j’allais devoir grandir.

Les mois passèrent et j’apprenais à travailler ...c’était tellement difficile. Mon père et mes frères me manquaient, nous n’avions aucune nouvelle. Ma mère s’épuisait, ça se voyait. Je n’arrivais pas à être suffisamment productive pour l’aider...je devais faire ma part, je redoublais d’efforts, mais qu’est ce que c’était dur. Le travail était évidement en retard, nous n’avons pu semer qu’une toute petite partie du champs. Plus de lecture le soir...nous ne pouvions plus. Quand le travail au champs était terminé, nous allions nourrir les bêtes. Pendant que ma mère filait la laines, je m’occupais de cherchait l’eau et de faire à manger. Nous nous couchions épuisées pour nous réveiller dans le même état et cette routine était bien moins apaisante que l’ancienne.

Etais-je encore une enfant à ce moment là ? A quel moment mon innocence s’est elle envolée ?

Je me souviens … de son air dédaigneux et hautaine. Le visage de cette cavalière en uniforme officiel du royaume restera dans ma mémoire à jamais. Je me souviens du bruits des quelques pièces qui tombent et roulent au sol que cette femme avait jetée du haut de son cheval, sans même daigner sortir les pieds de ses étriers, en lâchant « une pièce pour chaque vie ». Je me souviens de la voir repartir au galop laissant ma mère à genoux devant les quelques pièces restées au sol comme autant de petites sépultures à peine brillantes que d’hommes qu’elle avait vu quitter son foyer. Je me souviens, avoir vu pour la première fois et dernière fois de ma vie ma mère pleurer, et s’effondrer.

Quelques années passèrent. J’étais devenue adolescente. Bien évidement, à deux nous n’avions pas pu tenir le rythme du travail. Des la première années, au moment de payer l’impôt, ma mère du céder toutes ses bêtes… il ne nous restait que le champ de blé. Nous y travaillions à deux, et j’avais bien appris. Je travaillais efficacement, mais ma mère n’était plus toute jeune. Elle avait commencée à vieillir du jour où elle apprit la mort de ses fils et de son mari. La guerre était finie depuis longtemps à ce moment là ...nous l’avions gagnée paraît il ...quelle importance cela pouvait avoir finalement ?! Beaucoup d’hommes étaient morts, et le peuple était en colère...je le ressentais à chaque fois que je passais au village.

Je me souviens … de la solitude. La douleur de voir ma mère ne pas se réveiller un matin. Bien entendu je savais que cela finirait par arriver, mais même si je n’étais plus une enfant, je n’avais pas pu me préparer à ça. Je ne suis pas allé au champs ce jour là. J’ai creusé une tombe pour ma mère, ai je l’ai enterrée le plus dignement possible. Je me suis servi d’un draps de laine qu’elle avait fabriquée dans sa jeunesse, c’est ce que j’avais de plus digne comme suaire. J’ai déposé à ses côté la pipe de mon père, des affaires qui avaient appartenues à mes frères, et le livre qu’on avait pas ouvert depuis des années. J’ai rebouché le trou et je suis rentré me coucher. Me suis-je un jour senti plus vide que ce jour là ?

Des le lendemain j’ai voulu rendre hommage à ma famille...alors je me suis levée, et je suis sortie m’occuper du champ...je n’avais pas le droit d’abandonner ce qui avait été la sueur et la vie de ma famille. J’ai continué, jours après jours, mais le travail était bien trop important pour que je ne puisse y arriver seule. L’alchimie de la vie fît que la tristesse se transforma petit à petit en désespoir, puis en colère. Je me souviens de la colère… cette rengaine qui tournait en boucle dans ma tête, ce nœuds constant à l’estomac. Cette colère que je tâchais de transformer en énergie pour perpétuer le travail de mon père, pour rendre hommage à la force de ma mère. Cela n’a pas suffit. Le butin était bien maigre à la moisson, et je n’ai pas pu payer l’impôt. On m’a tout prit ...mon champs, ma maison, mes affaires. On m’a tout prit...ma famille, mon enfance, mon histoire...ma vie.

J’ai du m’arranger avec d’autres gens du village pour pouvoir dormir à l’intérieur et manger. Les gens vivaient dans la même misère que celle que j’avais connu avec ma mère, mais malgré ça ils ont partagé le peu qu’ils avaient avec moi. Tous étaient en colère, affamés, épuisés. Je les aidais du mieux que je pouvais, je travaillais comme quatre, mais le royaume était devenu bien gourmand, et les impôts bien trop importants. Quand le bailli passa l’année suivante tout le village refusât de payé… il à bien tenté de nous forcer, vociférant que la loi était la loi, qu’il ne nous appartenait pas de décider de ce que nous voulions ou non payer. Je me souviens...des jets de pierres, des femmes qui criaient, les quelques rares hommes encore en vie qui se faisaient menaçant. Je me souviens du nuage de poussière laissé par le cheval quand le bailli fuyait au triple galop.

Nous n’étions pas sots ...nous savions qu’il reviendrait, et qu’à son retour, il ne serait pas seul. Nous nous sommes alors préparé. Nous avons pris tout ce qui pourrait servir d’armes et commencé à fortifier le village, mais le temps à joué contre nous. Il n’est pas passé une semaine avant que que l’on ne voit une centaine de cavaliers et cavalières de la reine revenir. Ils n’y eu pas de discussion, nous nous somme fait massacré, les maisons brûlées, les réserves volées … J’ai fais parti de la petite poignées de survivants qui avaient réussi à fuir. Nous avons marché jusqu’au village suivant. Nous privilégions les déplacements de nuit et en forêt. Les troupes de la reine étaient sûrement repartis depuis longtemps, mais dans le doute, mieux valait rester prudents. C’est en arrivant au village suivant que nous nous sommes aperçu que le même scénario s’y était déroulé. Nous avons rencontré d’autre gens qui avaient comme nous survécu. Petit à petit, de villages en villages, notre groupe se mit à grossir, nous ne comprenions pas comment une reine pouvait à de point décimer son propre royaume, cela n’avait pas de sens. De notre peur collective naquit un sentiment de colère encore plus grand, et de cette colère exacerbé se mit à jaillir un sentiment aussi douloureux que beau : l’espoir.

Nous avons commencé à organiser notre troupe. Il ne fallu pas longtemps avant que pour la première fois le mot « révolution » ne se fasse entendre. Je me souviens… de ce mot qui tournait de plus en plus souvent, dans de plus en plus de bouches. De la mélodie à la foi sanguinaire et magnifique que ce simple mot chantait à nos oreilles. Nous nous sommes organisé et armé. Armé de bric et de broc, mais armé. Celui ci à avait une fourche, celui là un de ces marteau de frappe à deux que possèdent en général les forgerons. Les morceaux de cuirs bouillis s’assemblaient à des plaques de bois pour fabriquer des semblants d’armures. Pour la première fois de ma vie j’ai vu des gens pratiquer un art dont je n’avais à peine entendu parlé sans trop savoir s’il s’agissait de mythes ou de vérités… de quelques incantations étranges de leurs bouche et se relevaient des morts… animaux ou humains. J’ai décidé d’apprendre cet art. Je me suis très vite rendue compte que je n’étais pas très douée pour ça, mais tout de même cela pourrait s’avérer utile.

Nous avons décider de tenter une première action. Nous allions nous rendre au fortin avancé le plus proche de la reine, et en prendre le contrôle. Les hommes aillant connu la guerre établirent un plan d’attaque et nous les avons suivi. Malgré notre manque d’expérience ce fût une victoire incontestable. Des hommes de la reine, il n’en survit presque aucun et de notre côté seul des morts relevés étaient retombés. Les corps des soldats serviraient à grossir nos rangs, et l’équipement du fortin vint armer nos combattants. Grisés par cette victoire nous nous sommes remis en marche des le lendemain, et il en a été ainsi pendant plusieurs semaines. Nous marchions, pillant ce qui appartenait au royaumes, relevants ses soldats pour s’en servir, et grossissant nos troupes ne village en village. C’était devenu en très peu de temps, une véritable armée qui avançait vers la capitale. Nous mangions enfin à notre faim, les réserves de nourriture des soldats réguliers étaient conséquentes, et nos prises de plus en plus grosse. Rien ne pouvait nous arrêter.

Nous n’étions plus très loin de la capitale quand nous nous sommes retrouvée face à une véritable armée régulière. Un de leurs hommes est venu nous parler. Il nous à dit de déposer nos armes, de repartir d’où nous venions, et que nous serions épargnés. Il nous à dit que la nécromancie serait à partir de maintenant interdite et punie de mort par la torture. Il va de soit que nous ne l’entendions pas de cette oreille. A la vue de l’armée en face de nous, certes mieux organisée et mieux équipée, nous avions toutes nos chances. Nous avons donc répondu… nous avons décapité le messager, et attaché sa tête à un relevé que nous avons envoyé dans le camps d’en face. La bataille allait avoir lieue, c’était probablement la bataille décisive. Ce soir, nous aurons renversé la reine, et la paix pourra revenir dans notre royaume.

Je me souviens...du calme avant la bataille. De la sensation de caresser la victoire du bout des doigts. Les nécromants envoyèrent des centaines de relevés s’écraser contre les lignes ennemies. En face c’était un carnage. Beaucoup des hommes de la reine moururent, et nous avons chargé...tous autant que nous étions. Nous voulions en finir. Je me souviens… du fracas et du sang. Je me souviens de cette sensation de désespoir quand nous avons compris. Nous n’étions même pas encore arrivés à mi chemin quand une pluie de flèche s’abattit sur nous, venant de droite et de gauche. On nous avait tendu une embuscade, et trop sûr de nous, nous nous sommes jeté à pieds joints dedans. Des centaines d’archers de part et d’autre. Alors que les corps tombaient de tous les côtés, je les ai entendu arrivé, derrière nous. Les flèches on cessé et la cavalerie lourde de la reine nous à pris à revers. A la fin de la bataille, nous n’étions plus que quelques dizaines, une centaine tout au plus. Alors que les soldats achevaient les rares qui n’étaient pas encore tombé, je me suis mis au sol, entre les cadavres, et j’ai attendu. Je me souviens...le silence à nouveau, et l’odeur de la mort. Ils étaient partis … je ne sais par quel miracle j’ai survécu mais j’étais bien là, aussi vivante qu’on peut l’être dans un monde de mort. Je savais que je ne devais pas rester là, il fallait que je parte avant qu’on ne vienne nettoyer le champs de bataille. Je n’ai d’ailleurs jamais compris pourquoi ça n’avait pas été fait dans l’immédiat...je suppose qu’ils ont décidé de laisser les corps en pâture aux vautours pour l’exemple. Je suis parti, aussi vite que j’ai pu. Je suis allé me cacher dans un port, et embarqué clandestinement dans le premier bateau que j’ai vu qui semblait partir loin.

Les hommes du bateau m’ont trouvé dans la cale des le second jour en mer. J’ai eu de la chance ce jour là. Le capitaine à écouté mon histoire, et m’a permit de vivre. Il ne tolérait pas plus que tous ceux que j’avais eu autour de moi les agissements de la reine. Beaucoup de membre de sa famille étaient morts pendant la guerre. Il partait pour l’autre bout du royaume, je ne pouvais donc pas rester avec eux jusqu’à la fin du voyage. En attendant, je travaillerai sur le pont pour gagner ma pitance à bord. Le voyage dura quelques semaines ou j’ai eu le temps de réfléchir. Je me demandais comment j’allais pouvoir quitter ce bateau en vie si je devais le quitter avant la fin du voyage. Ma réponse est venue un soir sous un ciel étoilé. La nuit était fraîche, mais que le calme de l’océan était reposant. Alors que j’étais sur le pont, le capitaine vint me voir. De son doigts squelettique il pointa l’horizon. « tu vois le phare la bas au loin ? C’est une île étape. Personne n’y vit, elle sert de point de ravitaillement aux bateaux éperons d’un autre royaume. Ces bateaux transportent des prisonnier vers un lieu que je ne connais pas et d’où le retour est paraît il impossible. C’est ta chance de survivre ». Il fît mettre un canot à l’eau, me donna des rames et quelques maigres rations. J’ai ramé jusqu’à cette île et embarqué discrètement à bord du bateau éperon. Je me souviens … de ce triste sentiment de liberté et de ce reste de colère. Ça ne devait pas se dérouler comme ça ...j’avais encore tellement de choses à vivre, j’avais encore tellement de choses à détruire … J’avais tellement appris, et le bonheur n’était pas venu … et me voilà aujourd’hui sur des îlots étranges. Je ne sais pas ce que je vais y faire…

Je me souviens ...de cette promesse que je me suis faite en débarquant. De commencer une nouvelle vie, de ne plus tolérer l’intolérable. D’un jour rentrer chez moi pour m’agenouiller sur la tombe de ma mère et lui raconter tout ce que j’aurai pu lire, et le savoir que j’aurai accumulé.

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