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Helrhunarr, l'avant Draïa.

Publié : 02 sept. 2015, 14:16
par Helrhunarr
Cette histoire conte l'épopée d'un Galdur. Elle n'est pas achevée, puisque n'ayant pas encore fini de vivre ses aventures. Cependant, son destin hors du commun me force à vous expliquer comment il en est arrivé là où il est aujourd'hui. Bien sûr, le tout serait bien trop long. Attachons nous donc aux événements ayant attrait à son arrivée en Draïa
Le pavillon représentant trois têtes de loup au milieu d'une forêt battait vivement, au ryhtme du vent et des vagues. L'air frais du grand large lui fouettait le visage. Seul, debout à la proue du bateau, il faisait face au vent cinglant qu'il sentait le lacérer, en témoigne sa peau rougie par le froid. Comme à son habitude, Helrhunarr Skogenulv, Chef du clan Skogenulv, profitait toujours d'un retour de voyage pour faire le point, aimant se retrouver seul face au vide, avant de retrouver le confort spartiate mais douillet de sa hutte, au près de sa femme et son fils.

Son fils... C'est pour lui qu'il revenait. Il était revenu plus tôt que prévu de sa campagne de guerre contre des îles voisines, qui détenaient un Savoir qu'il convoitait. Un livre. Le Livre. On racontait qu'il suffisait de L'ouvrir et de demander à voix haute ce que l'on voulait savoir pour que la réponse apparaisse comme par enchantement. Passé, Présent, Futur. Le Livre savait tout.

Le problème, finalement, est qu'il n'avait pas prévu à quel point les autochtones défendait chèrement Le Livre. Il avait mené tout son clan, les Skogenulv, composé d'une vingtaine d'hommes les plus forts qui soient, afin d'avoir toutes les chances de récupérer le Savoir, mais que nenni. L'armée surnaturelle qui défendait Le Livre savait tout faire, et du mieux possible. Magie, Nécromancie, Combat rapproché ou à distance, même les machines de siège qu'ils avaient amenées par bateau n'y faisaient rien. Impossible pour Helrhunarr de ne capturer rien qu'un de ses opposants pour finalement comprendre comment ils s'organisaient. De son côté, il avait déjà perdu quatre hommes, dont son plus proche lieutenant.

Cette chasse au trésor n'aurait dû être qu'une formalité, mais voilà, le temps a passé et son fils est en âge de passer l'Epreuve d'entrée dans l'âge adulte.

"- Chef, nous apercevons la rive. Pépares-toi à débarquer.
- Oui... Praw. Je descend."


Un de ses hommes venait de le faire sortir de ses pensées. Il descendit dans sa cabine pour s'habiller plus chaudement, le vent froid lui ayant donné des angelures.

Sur la plage du village, autour d'un gigantesque feu de bois, femmes et enfants attendaient leurs maris, pères, frères, amis dans leurs plus beaux habits.
Débarqué en dernier, Helrhunarr fit signe à son fils et à sa femme d'attendre dans leur hutte. Car les retrouvailles ne seraient pas chaleureuses pour tout le monde...

"- Il... Où... Où est mon Grimnatt?", demanda une femme à la carrure imposante, blonde comme le blé, les sourcils froncés, à l'attention d'Helrhunarr. Celui-ci hocha la tête en pinçant ses lèvres.
"- Il ne reviendra pas. Personne n'a pu le sauver, nous avons essayé. Il a été envoyé vers son Dernier Voyage selon nos rites, et saches qu'il est parti avec honneur. Ses derniers mots ont été pour toi. Voici sa massue.", marquant une pause pour laisser à la veuve le temps d'encaisser le choc, il posa son énorme main sur son épaule, puis continua en serrant les dents : "Je te ramènerai la tête de celui qui l'a eu. Par les Dieux, j'en fais le serment." Il se détourna ensuite de la ferveur du reste de la foule, pour rejoindre les siens.

Le femme d'Helrhunarr était muette, si bien qu'il ne savait même pas son prénom. Il l'appelait Chérie. Traumatisée, enfant, lors de guerres intestines entre clans Galdurs, elle avait vécu des choses terribles, ce qui l'avait rendue incapable de s'exprimer. Ce qui n'empêchait en aucun cas qu'elle et Helrhunarr se comprennent. De plus, elle était relativement petite pour une Galdure. Son mari la dépassait d'une bonne tête et demie. Elle arborait un gigantesque tatouage composé d'arbres, dont les racines partaient du talon de son pied droit, avec les troncs qui remontaient dans le dos en soulignant harmonieusement ses fesses, pour finir en feuillages de toutes couleurs évoquant les saisons, dans le haut du dos, jusqu'à sa nuque et ses épaules. Des loups hurlant à la Lune se perdait au milieu de son dos. Ce tatouage signifiait son appartenance aux Skogenulv, qui l'avaient recueillie, enfant. Sa chevelure impeccablement tressée était d'un blond extrêmement foncé, presque ambré. Elle accueulli son mari d'un grand sourire et d'une carresse sur la joue.

Son fils, Vadrykh, quant à lui, était l'inverse de sa mère. Vif, extrêmement grand pour son jeune âge, bien bâti et avec une langue des plus pendues, il entrait dans l'âge adulte. Son père l'avait tatoué - des runes sur le crâne, comme papa - et il en était très fier. Lui avait les cheveux blonds de sa mère, les yeux marrons clair pétillants de son père, la barbe naissante et de grandes boucles d'oreille pinçaient ses lobes. Il accouru vers son père et le salua.

"- Ch'waark! Alors, Père, alors? Vous l'avez ce coup-ci? Et tu restes cette fois? Et est-ce que tu vas m'apprendre à tirer à l'arc?
- Pas maintenant, Vadrykh. Equipes-toi, je veux que tu sortes t'entrainer. Je dois parler à ta mère.
- Mais je...
- Ne discutes, pas. C'est très sérieux. Reviens dans une heure.
- Bien. A tes ordres. Mais est-ce...
- Maintenant!!"
, hurla-t-il, les yeux exorbités, ce qui fit déguerpir Vadrykh.

Helrhunarr devait maintenant expliquer à sa femme qu'il emmènerait leur fils, la prochaine fois qu'ils retourneraient chercher Le Livre. Il le devait. C'était le rite d'entrée dans l'âge adulte qu'il avait choisi pour son fils. Chérie blêmit encore plus, si cela était possible, écoutant son mari exposer son plan.
La rassurant finalement, promettant que tout se passerait bien, Helrhunarr la déshabilla et lui fit l'amour tendrement, en profitant de son imposant tatouage. Sans même se douter que ce serait la dernière fois.

Re: Helrhunarr, l'avant Draïa.

Publié : 02 sept. 2015, 14:16
par Helrhunarr
La nuit passa, et au lendemain, une grande fête en l'honneur des morts fut organisée. Elle dura une semaine. Au terme de celle-ci, Helrhunarr reprit la mer en direction des îles qui abritaient Le Livre, accompagné de son fils, et du reste de ses hommes.
"- Tu as tout compris?
- Je crois.
- Il n'y a que les idiots et les curieux qui croient. Et à ce qui me semble, tu n'es pas bien curieux, mon fils.
- Je veux dire, je suis sûr, Père."


Helrhunarr venait d'expliquer à son fils les enjeux ainsi que le but de son épreuve initiatique. Il ne doutait pas que son fils s'en sorte haut la main. L'objectif était le suivant : perdu dans la nature, sur des îlots qu'il ne connaissait pas, il devrait d'un part, se sustenter et survivre, d'autre part, élaborer un plan efficace pour enfin mettre la main sur Le Livre.

Ils débarquèrent à la nuit tombée, et établirent un campement discret dans la forêt, parmi les Loups. Le froid s'installa assez rapidement. Il chargea son fils et quelques uns de ses hommes d'aller chercher du bois pour faire un feu, puis un autre groupe de chasser le repas. Seul, il se mit à prier les Dieux que tout se passe comme prévu, que le jeune Vadrykh les comblent d'Honneur sa mère, lui, et tout le Clan.

Finalement, autour du feu, chacun racontait comment s'était passé son rite d'initiation. Ils rièrent ensemble des déboires de chacun, mais tous insistaient sur le fait qu'ils s'en sortirent haut la main. La nuit fut fête, ils burent plus que de raison, et s'endormir finalement tôt le matin. Le lendemain, Vadrykh partait en mission.

Les Skogenulv mettait toujours à l'épreuve leurs Jeunes de manière à fondre Combat et Réflexion. L'essence et l'Histoire du Clan reposait sur le fait que même si les origines était celles de barbares pillant et rasant des villages entiers, tout cela n'était pas fait par hasard, mais de manière organisée, chirurgicale et stratégique, pour au final s'enrichir de connaissance et d'érudition. Nul besoin d'or, ou rien d'autre qui puisse servir à se complaire dans l'opulence et la perte d'authenticité. Le jeu devait en valoir la chandelle spirituellement, pas matériellement. Comme ici, pour Le Livre. Tout le Savoir et les connaissances du Vaste Monde, à portée de main. Et c'est Vadrykh qui élaborerait le plan pour parvenir à s'en emparer.

Un mois passa. C'est alors qu'un matin, Vadrykh reparu devant son père et son Clan. Il n'était absolument plus le même. Il était un Homme, et cela se voyait. Il avait réussi. Helrhunarr et son fils s'étreignirent virilement. Toute la journée, tout le monde s'affaira pour fêter cela le soir.

Autour d'un grand feu, quelques cerfs en train de rôtir, Vadrykh fit le récit de son mois passé seul. Vint alors le moment de présenter son plan. Il prit une grande inspiration et se leva, puis pris la parole.

"- Skogenulv! Merci de me reconnaître comme l'un des vôtres, a présent . Durant ce mois, vous le savez, j'ai du élaborer un plan pour nous permettre de mettre enfin la main sur Le Livre. Sachez donc que j'ai beau... Grrrggglll..."

Vadrykh ne finit jamais sa phrase. Une flèche venait de lui traverser le cou, de part en part. Il tomba à genoux. Helrhunarr mit plusieurs secondes à se rendre compte de ce qui venait de se passer. Il n'entendit même pas l'ordre de se mettre à couvert hurlé par son nouveau second. Il fallu qu'une seconde flèche traverse Vadrykh, puis encore une son propre avant-bras pour qu'il réagisse, et décide finalement de se cacher, traînant le corps de son fils à l'abri avec lui.

Il respirait encore. Des gerbes de sang jaillissaient de sa bouche, et il convulsait.

"- Du calme, du calme", dit Helrhunarr, tout en inspectant la blessure, en tremblant comme une feuille. Son fils continuait à faire des gargarismes malgré lui, alors que ses yeux se révulsaient, pour finalement s'éteindre à jamais.

Dehors un déluge de flèches s'abattait sur leurs abris. Il aurait fallu une armée d'au moins cent hommes pour tirer tout ces carreaux en même temps... D'un coup tout s'arrêta, net.

Re: Helrhunarr, l'avant Draïa.

Publié : 02 sept. 2015, 15:02
par Helrhunarr
Vadrykh mouru d'un tir précis lui tranchant net la jugulaire. La question subsistait de savoir, comment et pourquoi, dans ce cas, les tireurs n'avaient eu que lui dans l'assaut contre les Skogenulv?
Helrhunarr, quant à lui, surmonta sa peine en grand Chef qu'il était, et offrit des funérailles d'Homme à son fils. Il galvanisa ses troupes, jurant ses Dieux que personne ne retournerait chez lui tant qu'il n'aurait pas mis la main sur Le Livre, et encore moins que la tête du moindre attaquant susceptible d'avoir eu la peau de son fils ne soit encore reliée au reste du corps.
Cela faisait bientôt sept mois qu'Helrhunarr et les Skogenulv râtissaient les îles de long en large. Plusieurs embuscades avaient encore réduits ses effectifs. Ils n'étaient maintenant plus que neuf. Il en venait à se demander si ce maudit Livre n'était pas qu'une légende.

Non. Vu tout ce qu'il avait sacrifié, et les forces qui se battaient contre eux, Le Livre devait bel et bien exister. Oui, c'est sûr, Il existait.

Une énième fois le Clan se préparait à établir un campement, après une journée de recherche. C'est alors qu'ils entendirent les Loups... L'un se mit à hurler, et un autre à couiner. Sur la droite, un grognement, sur la gauche, une branche qui casse. Plus rien. Les neuf guerriers étaient en alerte, prêts à en découdre tous se ragardaient les uns les autres, mains sur leur massue ou leur épée, bouclier face au visage.
Encore un bruit, cette fois derrière eux. Comme un cartilage qui craque lorsque qu'un os se déboîte de son articulation. Encore un grognement. Encore un Loup qui couine. Et soudain, sur la gauche d'Helrhunarr, un sifflement. Détournant le regard, il vit Raghûr, un de ses compagnons, lever son bouclier in extremis pour barrer une flèche qui lui arrivait droit dans le crâne.

"- En formation de combat! On va les chercher!", hurla-t-il de sa voix gutturale. Et c'est ainsi qu'une autre flèche, enflammée, celle-ci, vint directement arracher le bras de son compagnon sur la droite. Un sentiment qu'il n'avait jamais connu, celui que l'on appelle panique, se mit à le gagner.

Maintenant, il voyait. Sortant du bois, les encerclant alors que les Skogenulv étaient dos à dos, une armée de squelettes animés, de gobelins, de trolls et d'autres créatures à forme humaine, mais encapuchonnées les regardaient avec l'oeil agressif. Ils étaient au moins cinquante. Contre neuf, dont un avec un bras en moins. Un goût de fer dans la bouche, la rage et l'adrénaline le consumant de l'intérieur, Helrhunarr prit la parole :

"- Frères, ici s'achève notre voyage. Combattez avec honneur. Pour vos femmes, vos enfants. Votre Clan. Ce fut un honneur de vous mener, toutes ces années... Allez!"

D'un cri unique, ils éclatèrent le cercle qu'ils formaient, pour chacun charger droit devant eux, vers les abominations qui leur faisaient face. Le combat dura. Jusqu'au matin. Plus les Galdurs tuaient, plus il apparaissait d'ennemis. Et finalement, tous tombèrent, les uns après les autres. Helrhunarr, à bout de forces, continuait à massacrer, batter, trancher, aplatir, suriner, frapper, briser... Jusqu'à ce que les créatures se calment. Toutes d'un coup. Cherchant autour de lui, il l'aperçut.

Un des hommes encapuchonnés, le dernier à ne pas avoir ses tripes répandues dans l'immonde champ de bataille qui se dessinait maintenant clairement aux yeux d'Helrhunarr, avait la main levée vers le ciel, la paume ouverte. Baissant lentement la main, il s'adressa au Chef Galdur. Mais pas de manière normale. Non seulement il était télépathe, mais en plus sa voix se mélangeant en des dizaines, des milliers, des millions de voix. Helrhunarr en eut instantanément mal à la tête.

"- Tu es le dernier survivant de ton expédition. Rentre chez toi.
- Non, je suis venu chercher quelque chose! Et je peux encore me battre. Ne me barre pas le chemin! Je vous tuerai tous!
- Tu as perdu un fils et tous tes hommes... Rentre chez toi.
- Je reviendrai... avec mille hommes, fais moi confiance!
- Peu importe. Vous êtes venus à vingt, nous étions cent. Venez à mille, nous serons dix mille. Venez à dix mille, nous serons un million. Tu comprends? Rentre chez toi. Chérie t'attend, et tu vas avoir des choses à expliquer.
- Je ne..."


Helrhunarr s'arrêta net, bouche bée. Chérie? Comment celui qui était en face de lui pouvait être au courant, se demanda-t-il.

"- Parce que je suis Le Livre.", lui répondit la silhouette encapuchonnée, lisant ses pensées. "Je sais tout. Je vois tout. Je saurais tout. J'ai tout vu. Mais mon savoir n'est pas pour les mortels. Rentre chez toi."

Helrhunarr n'en revenait pas. Comment ramener cette chose chez lui, ou même, quoi faire, il ne savait pas. Il ne savait plus. Le Livre continuait à lire dans ses pensées.

"- Il n'y a rien que tu puisses faire contre moi. Je te l'ai dit, mon Savoir te dépasse, et dépasse tous les mortels, quels qu'ils soient. Rentre chez toi.
- Donne moi des réponses alors.
- Je les ai toutes. Je ne peux rien te dire. Rentre chez toi.
- Très bien
", dit Helrhunarr en levant à nouveau son épée et sa masse, prêt à s'élancer à nouveau.

"- Tu m'amuses, Galdur", lui répondit Le Livre. "Voici un défi : demande moi quelque chose que je ne sais pas, et je répondrai aux questions que tu te poses. Après, tu t'en iras d'ici."

Re: Helrhunarr, l'avant Draïa.

Publié : 02 sept. 2015, 15:36
par Helrhunarr
Finalement, la chose qu'Helrhunarr avait mis tant de temps à trouver n'était pas un objet, mais quelqu'un. Ou plutôt, quelque chose. Cette chose lui avait enlevé ses amis les plus chers, son Clan, jusqu'à son fils. Et c'est alors que Le Livre proposa à Helrhunarr un marché : arriver à le coincer sur une chose qu'il est incapable de savoir, et alors, il obtiendra tout le savoir qu'il le désire.
"- A combien d'essais ai-je droit?", demanda Helrhunarr. En ricanant bizarrement, si cela était vraiment un ricanement, Le Livre répondit "Un seul. C'est déjà une fleur que je te fais."

Helrhunarr n'avait jamais pleuré. A ce moment précis, une larme roula sur sa joue, et il sentit ce goût salé et amer lorsqu'elle atteignit sa lèvre supérieure. Il se mit à trembler, et lâcha ses armes. Il savait déjà la question qu'il allait poser. Il allait avoir le droit à tout le Savoir qu'il désirait, et maintenant, il n'en avait même plus envie. Tombant à genoux, les mains sur le visage, il se mit à frotter longuement ses yeux. Il s'étira, puis regarda la forme encapuchonnée, à hauteur de ce qu'il devinait être ses yeux.

"- Personne ne peut te vaincre, n'est ce pas? D'autres ont dû essayer avant moi, mais le savoir et la connaissance ne peuvent mourir ni appartenir à une seule personne... Alors, je veux que tu me révèles quelque chose que tu ne sais pas.
- Il semble que tu n'aies pas compris... Je savais, sais, et saurais toujours tout. Tu peux rentrer chez toi maintenant.
- Non... Dis moi quelque chose que tu ne sais pas. Voilà ma question. Es-tu bien incapable de me citer une chose que tu ne sais pas?
- Comment ne saurais-je pas, puisque je sais tout?
- Si tu ne me réponds pas, j'ai gagné."


Une fraction de seconde, il parut à Helrhunarr qu'il avait vexé cette sorte de vortex métaphysique. Et ce qui devait arriver, arriva.

"- Tu es l'Etre le plus malin que je croise depuis au moins mille millénaires. Que veux-tu savoir?"

A quoi bon... Il était dépité maintenant. Toutes les questions qu'il avait si hâte de poser au Livre lui semblaient maintenant toutes inutiles. Une fois encore, Le Livre lut ses pensées.

"- Il n'y a rien de pire pour un père que de perdre la chair de sa chair. Oui, il est bien mort, et non, il n'y a aucun moyen de revenir en arrière... Mais oui, il existe un endroit ou la Mort n'a pas d'emprise sur les visiteurs.
- Comment ça?
- En Draïa. La-bas, les Aventuriers non-natifs de la région sont détournés vers un ailleurs au moment de leur mort. Ils sont donc immortels, tant qu'ils restent là-bas. Et nous ne sommes pas loin de Séridia.
- Vadrykh y serait-il?
- Tout savoir ne veut pas dire que j'ai droit de réponse à tout. Les Féaux qui habitent ces Landes Eternelles, ainsi que les Landes elles-même m'entravent. Je connais la réponse, mais je ne peux te la donner. D'autres questions?"


Helrhunarr ne prit pas le temps de répondre. Le Livre lirait la réponse dans sa tête, de toute façon. Il avait déjà décidé de partir en Séridia bien avant que Le Livre ne finisse sa phrase. Ramassant son épée, il vit à quel point elle était émoussée. Il s'en débarrassa et pris conscience qu'il n'avait plus d'arme. Il se mit alors en route sans plus attendre, furieux. Il se rendait compte en marchant que tout cela allait être dur. Il n'était le Chef de plus personne, tous son clan était mort, et il ne comptait absolument pas retourner au village. Annoncer les morts et revenir seul, ses semblables ne comprendraient pas. De toutes façons, tous s'étaient comportés en héros. Il n'avait rien à se reprocher.

Malgré la quantité de savoir emmagasiné toutes ces années, il se rendait compte qu'il ne savait cependant rien faire lui-même. Ni de potions, ni de forge, ni rien d'autre. Tout le savoir pillé pendant tant de générations avait été fourni aux femmes, qui restaient au village du Clan, pour que finalement, ce soit elles qui préparent ce dont leurs hommes avaient besoin, lorsqu'ils partaient à l'aventure. Dans un sourire ironique et acide pour lui-même, il savait qu'il partait de zéro.
C'est ainsi qu'Helrhunarr prit la direction de Séridia et de l'Ile du Trépont. Sans se retourner, il abandonna son village, et ce qu'il advenu du reste des Skogenulv reste un mystère. Lui seul savait ce qui était arrivé aux guerriers du Clan, si bien que jamais plus personne n'en entendit parler. Il se jura d'emporter l'histoire des Skogenulv et du Livre dans sa tombe. Enfin, s'il s'y retrouve un jour...

En attendant, vous pourrez le croiser dans les Landes Eternelles, où il semble même avoir déjà oublié la raison de son arrivée. Ce qu'il y fait, alors? Ceci est une autre histoire...