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Mulvaar, de la survie à l'exode.

Publié : 04 avr. 2015, 17:00
par Mulvaar
Mulvaar

Chapitre 1: Les sombres volontés de Lith



Des hurlements résonnent dans la caverne, des bruits de combats, du fer que l'on croise... S'en suit un moment de calme, chaque Elfe Noir s'attendant à voir surgir discrètement un survivant de l'obscurité, la dague au poing. Puis une Elfe Sombre lève son épée courte en l'air, fière et satisfaite, le regard illuminé, et prend la parole :
-Sœurs et Frères, ce clan qui nous a bafoué, ce clan à l'arrogance sans nom, ce clan n'est plus! Puisse cette caverne être une tombe honorable pour leurs dépouilles.

Des cris de victoires s'en suivent, en rythme :

-Gloire à la Matriarche !

Puis des bruits de pas feutrés, les torches encore allumées projetant un défilé d'ombres difformes et inquiétantes sur les parois de la caverne; le clan victorieux se retire.

À nouveau le silence règne un instant.

Après un moment, de la pénombre se dégage un Sombre au regard orangé encore enfant, sortant silencieusement de sa cachette. Sur son visage se lit un instant la colère, puis un air de tristesse discrète. Une unique larme se glisse lentement le long de sa joue, et tombe sur le sol devenu rougeâtre, se mêlant étrangement au sang de ses frères et sœurs. Il essuie sa joue en grimaçant, se sentant coupable un instant de la compassion dont il fait preuve.
Mulvaar secoue la tête légèrement, et se ressaisit, affichant un visage fier et digne, puis dit d'une voix quelque peu sanglotante :

-Les volontés de Lith ont été exécutées. Puissent mes frères et sœurs reposer en paix à ses côtés.

L'enfant balaie les lieux un instant de son regard perçant orangé, puis, reconnaissant un corps, s'y approche, et s'agenouille. Sa mère est là, devant lui, agonisante, le regard emprunt d'une petite flamme propre à sa famille, mais qui semble s'éteindre peu à peu.
-Mère!
-Mu... Mulvaar...

Elle essuie le filet de sang qui s'écoule de ses lèvres avec difficulté. Elle sent la mort s'emparer d'elle et veut que la dernière image que son fils ait d'elle soit respectable.
-Ain... Ainsi Lith t'a épargné... Notre clan n'a pas été à la hauteur... Ce... Ce n'est que la destinée logique que nous subissons mon fils. Reste fier et digne comme il se doit.
D'une main tremblante et avec difficulté, elle sort sa dague de son fourreau et la tend à Mulvaar.
-Fier et digne, Mu... Mulvaar... Aide le destin, Lith m'attend... Libère-moi...
-Je... Je crains ne pas comprendre mère... C'est...
-Obéis! Plonge cette dague dans mon cœur, je ne veux pas garder à l'esprit l'image d'un fils lâche. Li... Libère-moi, ce geste signera ton fidèle dévouement à tout jamais. Main... Maintenant exécute-toi.

Mulvaar saisit la dague les mains tremblantes. Doucement il élève la dague au dessus de sa mère, puis l'abat d'un coup sec et précis en plein cœur.
Il regarde un instant sa mère qui, les yeux encore ouverts, pétrifiés dans la mort, affiche encore cette lueur embrasée si particulière un instant avant de s'éteindre. Il se recueille un instant, puis prononce ces mots pour lui-même d'un ton ferme et assuré:

-Mère, je suivrais vos préceptes jusqu'à la mort.

Il retire la dague du corps inerte de la défunte avec habilité, et l'essuie sur un autre cadavre à côté. Il fait quelques gestes d'une dextérité honorable pour son âge, la faisant siffler dans la pénombre comme on lui a enseigné depuis la naissance, puis la glisse à sa ceinture de cuir noir. Mulvaar ferme les yeux de sa mère dignement, éteignant ainsi son regard de feu pour de bon, un sourire inquiétant mais empreint de respect au visage. Il se relève calmement et se dirige vers la sortie de la grotte, puis d'une main écarte le rideau gris-noir épais qui en dissimulait l'entrée. Des rayons de soleil pénètrent dans la caverne, l'aveuglant un instant. Mulvaar arbore une grimace haineuse, se protégeant le regard d'une main, le temps de s'habituer à l'agression caractérisée de la lumière matinale.
Les combats avaient donc duré toute la nuit. Soit, il attendrait le retour de l'obscurité pour chasser de quoi se nourrir.

Re: Mulvaar, de la survie à l'exode.

Publié : 04 avr. 2015, 17:02
par Mulvaar
Chapitre 2: La Survie.

Le jeune Sombre trouva refuge dans un bois dont les arbres lui assurait une obscurité apaisante. Chassant le renard, puis le sanglier, il réussit à survivre sans trop de difficultés.
Parfois, il regardait la lune le regard furieux du destin qui lui était offert. Mais il finissait toujours par se ressaisir, car c'était Ses volontés, et son dévouement total lui interdisait toute colère inutile.
La dague de sa mère était sa seule compagnie, son seul souvenir, sa seule arme qu'il entretenait avec soin.
Il devint adolescent, vivant dans le bois comme un ermite, s'entrainant à la dague avec férocité sur tous les animaux qui passaient...
Mais la réalité était là et violente, il vivait ni plus ni moins comme un sauvage indigne de son rang de Sombre.
Se rappelant le regard fier de sa mère, Sombre digne de haut rang, sans concessions, il se mit en tête de reprendre sa destinée en main.
C'est ainsi qu'ayant atteint un niveau d'agilité remarquable, il décida de quitter ce bois sans avenir.

Le bois était adossé à une montagne, qui le surplombait avec arrogance. Le regard perçant du Sombre l'observait avec un air de défi rageur: il l'escaladerait.
Pierre par pierre, s'écorchant les mains jusqu'au sang, il commença à la gravir progressivement.

Arrivé à mi-chemin, une caverne sembla le seul refuge possible pour le protéger du froid. Une pause était nécessaire.
Empoignant sa dague, il y entra. À l'intérieur, le silence. Mais il connaissait, savait que ce n'était pas signe de sécurité, bien au contraire. Une chose brillait au fond, la lumière était captée par son regard habitué à l'obscurité.
Il s'approcha prudemment.
Arrivé à proximité, il sentit une pointe lui percer la nuque, il hurla avant de tomber au sol avec fracas. Le silence était brisé, et son adversaire lui faisait face. Un ennemi à mille yeux, que la noirceur rendait invisible dans l'obscurité. Par réflexe, il se retourna et sa dague transperça la tête de l'animal...
C'était une araignée... Le jeune Sombre écarquilla les yeux avec culpabilité.


-Je... Non...

Mais le venin de celle-ci faisait déjà effet, il était paralysé. Il vit l'araignée de redresser sur ses pattes, la dague toujours plantée dans sa tête... Mulvaar grimaca, impuissant. Lorsqu'il s'attendait à une morsure mortelle, la tête de l'araignée prit petit à petit une forme familière... Celle de sa mère.

- Mon fils... Relève-toi! La Déesse te bénit de son venin! Soufre! Endure! Prouve ta valeur!


Puis un noir profond, l'impression de tomber dans un puits sans fond.
Mulvaar ouvrit difficilement les yeux... Le cadavre de la bête gisait toujours à ses côtés, la lame de sa mère plantée dans la tête...
Il n'avait été que la victime d'une hallucination due au venin, rien de plus.
Il tenta de recouvrer ses esprits, dissipant peu à peu la folie qui s'était emparée de lui.
Son regard vint se poser sur la chose brillante au fond de la grotte. Se trainant tant bien que mal avec détermination, il s'approcha. Un squelette... C'était son casque qui perçait le noir en reflétant les maigres rayons de soleil qui arrivaient dans la grotte. Le pauvre -un humain, visiblement- n'avait plus un seul morceau de chair. Le repas de la tisseuse sans doutes. À côté, sa besace. Des vivres! Le Sombre s'empiffra des provisions.

- Dévorer ou être dévoré, se dit-il.
Il trouva le repos une journée durant. L'effet du puissant venin s'amenuisait.

La nuit venue et le jour qui suivit, il grimpa encore et encore. Dans un dernier effort, son bras trouva la force de passer le dernier rocher et il se laissa rouler sur le sol à ce qui semblait être le sommet.
Sa fatigue était telle qu'il s'endormit ainsi en plein jour dans le froid.

Lorsqu'il ouvrit les yeux il était dans la pénombre réconfortante. Il sourit étrangement.
Il se leva et explora l'autre côté de la montagne des yeux.
Des feux au loin... Des ombres dansaient autour.
Mulvaar grimaça.


- Certainement pas des Sombres si peu discrets...

Il se rapprocha discrètement, descendit la montagne et rejoignit le bois en contre-bas entre ce qui semblait être un campement et la Montagne.
Quelques centaines d'hommes au moins étaient là.
Des Humains, tout ce que son peuple détestait... Et il ne comprenait pas leur langage.
Mulvaar savait quel sort les Humains réservaient aux siens.

Il décida de rester quelques temps près du campement, en profitant de la nourriture humaine qu'il allait voler de temps à autres. Il commença à comprendre des bribes du langage commun, certaines conversations niaises et inutiles à ses yeux.
Il resta un certain temps à les espionner dans l'ombre, peut-être quelques semaines.
Il y avait visiblement une guerre entre deux seigneurs humains, l'un d'entre eux était dans le campement. Sa tente était plus grande et mise à l'arrière en sécurité apparente, mais près de la cache du Sombre.

Une nuit Mulvaar vit ce qui semblait être une célébration, les humains avaient remporté une grande bataille et noyaient leurs morts dans l'alcool.
Le seigneur humain titubait, et se dirigea vers un buisson derrière sa tente épancher une partie du liquide qu'il avait absorbé.
Mais le regard de Mulvaar fut interloqué par un ombre, agile et rapide, qui semblait observer l'humain comme lui. Elle disparut...
L'instant d'après, un individu vêtu d'une armure légère en cuir noir était derrière l'humain, comme sorti de nulle part. L'ombre appuya sa fine lame fermement sur la gorge de l'humain.


- Inutile de faire du bruit, vous connaissez votre sort il est maintenant tout tracé.
- Je...

L'humain n'avait pas eu le temps de finir sa phrase que le sang coulait déjà de sa gorge. Il tomba à genoux, puis vint s'écraser au sol avec lourdeur.
Mais où était son agresseur? Mulvaar à l'aide de son regard perçant examina les alentours, mais rien, pas un mouvement, pas une trace.
Tout à coup, il sentit le froid de l'acier sous sa propre gorge. Il tenta de saisir sa dague par réflexe mais son poignet était déjà immobilisé par l'inconnu avec poigne.


- Alors petit Sombre, on espionne? Qui es-tu?
Ce langage... Sa langue.
- Lâchez-moi!
- Le bruit amène des problèmes. Et à ce moment précis je suis ton problème. Alors pas de gestes déplacés.


Mulvaar comprit qu'il était piégé.

- Alors je t'ai posé une question, qui es-tu? Tu es trop jeune pour avoir eu ce contrat... Et tu as l'allure d'un chien sauvage.

Mulvaar entendit un petit ricanement dans son dos.

- Mulvaar... Fils de Gal'Saar de la maison de Malaar Rich'na.
- Cette maison n'existe plus. Tu me mens?


La dague commença à faire pression sur la gorge de Mulvaar, et le sang perla un peu.

- J'ai survécu... J'ai été assommé, quand je me suis réveillé, ils étaient tous morts...
- Ainsi tu n'as pas eu l'honneur de mourir avec les tiens... Ton Clan était faible et arrogant. Il n'a eu que ce qu'il méritait.
- La Déesse m'a épargné! Ce sont Ses volontés!
- On dirait que tu n'as pas perdu toutes tes valeurs... Peut-être as-tu raison, après tout moi non plus je ne t'ai pas encore égorgé...


Non loin, un humain trouvait le cadavre du seigneur. Les cris affolés des hommes commençaient à retentir:

- Le Seigneur a été assassiné! Aux armes! L'assassin ne doit pas être loin!

Bientôt une vingtaine d'hommes entourait le corps du défunt.
Le Sombre relâcha son étreinte sur Mulvaar en lui prenant sa dague dans son fourreau.


- Il ne faut pas s'éterniser ici.
- Cet Humain, qu'a-t-il fait?
- Peu importe, on a demandé sa mort et donné une belle somme pour sa tête.
- Un assassin...
- Perspicace... Les raisons de cette mort nous importe peu. Pas d'alliance, pas de prise de position. Tant que les humains paient nous les aidons à s'entretuer avec un certain plaisir.
- Je vois... Vous n'êtes que des esclaves d'humains!


Mulvaar cracha au sol avec haine.
Puis il entendit un grognement derrière lui, prit un violent coup sur la nuque et perdit connaissance.

Re: Mulvaar, de la survie à l'exode.

Publié : 04 avr. 2015, 17:03
par Mulvaar
Chapitre 3: Un autre clan.

Encore sonné, Mulvaar émerge les yeux toujours clos et entend une conversation en langage Sombre. Il reconnait la voix de la Matriarche qui a exterminé son clan, et celle du mystérieux assassin.

- Naz'Thol, ta mission était de tuer l'humain, pas de ramener les sauvages croisés sur ta route!
- Ce jeune Sombre a assisté à l'exécution, je ne pouvais pas laisser un témoin.
- Silence! Il ne tenait qu'à toi d'en profiter pour le faire accuser du meurtre!
- Regardez sa dague Matriarche...


Un moment de silence...

- Mais... Qu'est-ce... J'ai détruit ce Clan depuis longtemps! Ainsi il y eut un survivant... Et quel est donc son nom?
- Il m'a dit se nommer Mulvaar...


En entendant son nom Mulvaar ouvre les yeux.
L'endroit est obscure, les flammes des torches éclairent les lieux. Le jeune Sombre reconnait la décoration bien particulière des Elfes Noirs. Il est au sol, aux côtés de Naz'Thol, des Sombres l'entourent.
Devant lui, un trône luxueux et sur celui-ci ce qui semble être la Matriarche. De part et d'autres sont plantées des têtes sur des pics. La Matriarche s'adresse maintenant à lui.


- Tiens... Le voilà qui émerge enfin... Ce regard... Cette chevelure cendrée... Aucuns doutes nous avons là un membre de ce Clan déchu dont le nom ne mérite plus d'être prononcé.

Mulvaar répond, sûr de lui.


- Mais qui n'a jamais été l'esclave des Humains!


La Matriarche est pris d'un ricanement lugubre.

- C'est justement ce genre d 'insultes qui l'a mené à sa perte, cher Mulvaar, puisque c'est ton nom... Naz'Thol, tu as honoré ton contrat avec efficacité. Notre client est content.

La matriarche montre du doigt un coffre ouvert rempli de pièces d'or.

- Et si le client est satisfait, moi-aussi... Tu auras l'honneur de partager ma couche à l'occasion, mâle. Pour ce qui est de ce sauvage... Trois bonnes dizaines de coups de fouets pour son insulte pour commencer.


La Matriarche fait un signe de main à un Sombre non loin d'elle, qui a déjà le fouet à la main. Celui-ci s'approche, retire la tunique de fortune de Mulvaar d'un coup sec en la déchirant.
Puis les coups de fouets commencent. Mulvaar serre les dents, il a appris à subir les punitions avec honneur et dignité. Il regarde la Matriarche dans les yeux tandis que les lacérations résonnent dans la caverne. Des ricanements parmi les Sombres qui l'entourent se font entendre.
Le Sombre bourreau lève son fouet une dernière fois et assène un ultime coup de toutes ses forces.


- Trente!
- Bien, voilà qui aura calmé notre jeune arrogant je l'espère. Un mot de plus et ta tête ira rejoindre les autres sur un pic à mes côtés, compris?


Mulvaar sent les brûlures dans son dos mais reste impassible même s'il souffre le martyr.


- Un beau spectacle pour signer ton contrat Naz'Thol. Mais qu'allons-nous faire de lui maintenant tu peux me dire?
- Ce Sombre a survécu au massacre de son clan, a vécu comme un sauvage depuis. Mais il a survécu. La Déesse ne veut pas sa mort... J'ai surveillé longtemps l'humain que j'avais à tuer, il fallait trouver le bon moment pour exécuter mon contrat... Ce Sombre était là, le regard empli de haine. Il volait les hommes pour se nourrir.
- Un voleur! Nous n'avons que faire d'un voleur... Nous sommes des esclaves d'humain à ses yeux? Et qu'est-il? À part un rat vivant aux dépends de ceux qu'il déteste? Répond Mulvaar!


Mulvaar baissa les yeux, il savait qu'elle avait raison.


- Répond Mulvaar, c'est un ordre! Qui est le plus pitoyable? Je veux te l'entendre dire!


Le jeune Sombre leva les yeux et adressa son regard à la Matriarche.

- C'est moi...
- Bien. Qu'on m'amène un prisonnier pâle, amusons-nous un peu.


Des Sombres se retirent. La Matriarche se lève et jette la dague de Mulvaar à ses pieds.

- Voyons maintenant si tu sais t'en servir.

Les Elfes Noirs reviennent en tenant un Haut-Elfe fermement, et le projettent au sol près du jeune Sombre.

- Armez le pâle!

Une autre dague vient se poser aux pieds du Haut-Elfe.
Mulvaar ramasse la sienne et observe le Haut-Elfe. Celui-ci semble dans la force de l'âge malgré les guenilles et les nombreuses traces de torture que son corps porte.


- Ramasse ta dague Pâle! Tue ce Sombre et tu seras libre!


Le Haut-Elfe se penche et ramasse sa lame sans dire mot. Le désespoir se lit dans ses yeux.
Des rires commencent à émerger du public Sombre et des cris:


- À mort! À mort!

Mulvaar se redresse et fait face à son adversaire. Il veut le jauger et lui laisser le premier coup.
Le Haut-Elfe se met en position de combat, il n'a pas l'habitude de manier la dague, cela se voit.
Un instant, les deux adversaires s'observent. Mulvaar s'impatiente.
Le Haut-Elfe, très rapide lève la dague grossièrement comme une épée et l'abat sur Mulvaar. Celui-ci fait un pas de côté, la lame du pâle heurte le sol. Mulvaar lui assène un violent coup de pied au genou, il perd l'équilibre, tombant sur une de ses rotules. La foule l'acclame. Le pâle tente un coup de dague à la jambe de Mulvaar qui saute en l'air avec habilité. En retombant, le jeune Sombre plante sa dague dans la nuque du pâle maintenant à sa merci. Le Haut-Elfe s'effondre vers l'avant tandis que Mulvaar retire sa lame d'un coup sec, éclaboussant de sang une partie du public volontairement.
Le jeune Sombre se retourne vers la Matriarche avec un air de défi. Il ne tient pas longtemps debout, les douleurs de son dos l'élancent et il tombe sur un genou.
La Matriarche applaudit doucement.


- Cet asservissement involontaire me plait, jeune Sombre. Je n'ai plus qu'une question à te poser...

Mulvaar grimace de douleur, mais trouve la force de répondre:


- Laquelle?
- Veux-tu côtoyer les puissants, garder ta dignité, ou continuer à vivre comme un rat?


Mulvaar hésite, mais il repense à ce que lui a dit sa mère... Honneur et Dignité.

- Je veux côtoyer les puissants... Matriarche. Je ne veux plus vivre comme un rat...


La Matriarche arbore un sourire de satisfaction.


- Parfait, mais ne crois pas que tu seras traité comme un des nôtres... Tu ne feras JAMAIS partie des nôtres. Naz'Thol, approche.

L'assassin vient se poser devant le trône avec respect et s'agenouille.

- Naz'Thol, puisque tu nous l'as ramené, tu le formeras. Il sera sous ta responsabilité totale. Un pas de côté du jeune et ta tête roulera à mes pieds... Il fera les basses besognes peu honorables dont personne ne veut, meurtres de paysans, femmes, enfants... Me suis-je faite bien comprendre, assassin?
- Parfaitement Matriarche. Mulvaar sera formé et deviendra assassin à son tour.
- Tu le traiteras avec plus de sévérité que les nôtres, évidemment. Maintenant disposez! Trouvez-lui un coin pouilleux qui lui servira de couche.


Mulvaar savait qu'il n'avait pas le choix. La Matriarche avait été indulgente et il lui devrait le respect.
Il fut traité comme un étranger, ses nouveaux Frères n'avaient aucunes pitié et les femelles ne lui adressaient même pas un regard.
Naz'Thol était d'une sévérité sans nom, un maitre d'arme impitoyable. Mais Mulvaar apprenait à chaque punition. Le jeune Sombre devint adulte, un Elfe Noir cruel, efficace. Mais il retrouvait peu à peu sa fierté.

Un jour, Naz'Thol vint le voir avec une nouvelle dague.


- Mulvaar, tes progrès montrent que tu ne mérites plus de porter la dague de ton faible Clan. Prend celle-ci.


Le Sombre fit non de la tête. Naz'Thol leva la main pour lui porter un coup mais Mulvaar l'esquiva.

- Je ne serai jamais des vôtres. Vous m'avez accueilli mais je garde mon ancienne dague. Elle fera couler le sang pour vous. J'obéirai.


Naz'Thol ne sut comment réagir.

- Comme tu voudras, Sombre. Puisque nous parlons de faire couler le sang, l'heure est venue pour toi de prouver tes talents. La Matriarche m'a donné une mission.

Mulvaar haussa un sourcil.

- Dites-m'en plus...
- Un humain ne veut plus payer ses dettes, nous devons l'exécuter lui et sa famille. TOUTE sa famille. C'est un guerrier. Normalement c'est à moi de m'en charger, mais voyons ce que tu vaux. Voilà la carte qui mène à son fief, tu dois être revenu avant l'aube.


Mulvaar prit la carte et obéit.
Il arriva à la maison rapidement. Les lumières étaient allumées. Le fumée de la cheminée s'élevait dans le ciel étoilé. À l'aide de son regard habitué à l'obscurité, il repaira les différentes pièces de la maison, surtout les chambres.
Le Sombre attendit que les lumières s'éteignent et s'introduit dans la maison. Il commença par les parents, puis les enfants. Le silence de la nuit n'avait pas été brisé comme son maitre lui avait appris, tous avaient été tué dans leur sommeil. Puis il retourna dans la chambre parentale et trancha la tête du guerrier comme preuve.


Il entra dans la caverne la tête du guerrier à la main. Une fois dans la salle du trône, il fit rouler la tête aux pieds de la Matriarche, puis s'agenouilla.

- Mulvaar... Que me vaut ce présent sanguinolent?
- Mon premier contrat Matriarche.
- Je n'en ai pas donné l'ordre! Qu'on m'amène Naz'Thol!


Naz-Thol arriva et vint s'agenouiller aux côtés de Mulvaar, grimacant en voyant la tête aux pieds de la Matriarche.


- Alors comme ça on sous-traite des missions Naz'Thol? TU devais exécuter cet Humain, pas Mulvaar... Cinquante coup de fouets pour lui tandis que je m'entretiens avec Mulvaar.

Naz-Thol recula et alla présenter son dos au bourreau. Les coups de fouet commencèrent à claquer.

- As-tu exécuté toute la famille Mulvaar?
- Tous Matriarche, sans exceptions. Aucuns problèmes à signaler.
- Tant mieux, tu sais que je n'aime pas les problèmes... Bien... Tu sers à quelque chose finalement, je ne m'étais pas trompé. Tu as prouvé ton dévouement... Naz'Thol t'a bien formé. Je t'adresserai des missions directement dorénavant, tu peux disposer. Et qu'on lui donne une couche digne de ce nom, il l'a mérité!


Mulvaar se retira, adressant un sourire en coin à son maitre d'arme qui souffrait encore sous les coups de fouet. Naz-Thol grimaça de haine. La Matriarche, quand à elle, apprécia cette petite concurrence entre fiers mâles en silence.