Skreugneugneu [achevé]

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Maiar
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Skreugneugneu [achevé]

Message par Maiar »

Le dernier souvenir avant de prendre le bateau pour se rendre sur les côtes des Landes Éternelles était un mélange d'odeurs, de sons, de grisaille et de fraîcheur.

La fraîcheur d'un courant d'air matinal me parcourant l'échine et celle d'un jus d'orange pressé à la force de ma poigne de la plus simple des manières avaient le pouvoir de me préparer à une journée bien remplie. Les cris des oiseaux marins et le chant des vendeurs poussant leur roulotte étaient caractéristique du port de la bourgade où je séjournais depuis quelques temps. La brume l'avait enveloppé, derrière l'agréable brouhaha l'odeur de goudron. Je la suivis, une curiosité nouvelle venait de s'immiscer en moi.

Le plaisir des fonderies, des raffineries, des pharmacies et des orfèvreries avait guidé ma vie jusqu'à cet instant où l'attirance du repoussant se fit plus forte. La douceur des moments partagés dans ces lieux était devenue insipide. L'hypocrisie avait apporté tant de confort matériel, que j'en étais aveuglé. Mon esprit était mort et la brume aveuglante venait de le faire renaître.

C'est ainsi, après avoir chargé un coursier de prévenir mes fréquentations de ma décision que je quittais les différents postes qui m'avaient été attribué et que je m'enquis sur la destination du bateau source de l'émanation de goudron.
J'embarquais alors et me réveillais dans ma couchette proches des rivages de Sérida prêt à supporter le plus dur, mais aussi le plus extraordinaire des avenirs ... L’inconnu.

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Maiar
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Re: Skreugneugneu [achevé]

Message par Maiar »

En posant un premier pied au sol le rêve que je venais de faire me revint à l'esprit. Les visages des relations que j'avais eu défilés dans ma tête.

Mes parents ... grognons, têtus, compatissants, fiers, braves, courageux ...
Tout le temps à demander le meilleur, chacun ayant ses propres principes et convictions, prêt à pardonner dans les limites du raisonnable. Le plus souvent à la tache en cherchant à se dépasser.
Ainsi, je grandis au milieu d'oncles, de tantes et de leurs enfants. Tous se réjouissant des beautés du monde malgré ses revers.

L'autorité vient ensuite, notre monarque et ses institutions ... J'étais avec plusieurs nains de mon age encadrés par des adultes aux traits durs et sans expression. Je ne savais plus pour la première fois quoi faire de moi même. Ma place était parmi une multitude d'autres nains comme moi, aucune n'était la mienne. Je n'avais rien de particulier et c'est sur les conseils de mes parents que je fixais mon objectif : satisfaire les encadrants de mon mieux.

Après quelques années dans cette structure je m'étais enfin fait une place. Mon objectif atteint, je rayonnais. Entouré par la jalousie, l'envie, la reconnaissance, la solidarité j'avais une notoriété d'impulsif attaché à aucune amitié.
En plein épanouissement le monarque nous rendit une visite pour nous féliciter et nous offrit des bouts de papier sans valeur. C'est à ce moment qu'il nous annonça que suite à notre réussite le moment était venu pour nous de faire un choix. Nous devions orienter nos occupations quotidiennes suivants des spécialités. Chaque choix nous orientant dans de nouvelles institutions.

Je me rappelle le visage de notre référent en aptitudes physiques. En tant que sportif mon choix s'était automatiquement porté à ce domaine de spécialisation, nous étions seulement trois de notre ancienne vie à nous rejoindre ici. Nos cinquante autres camarades ayant choisis des activités plus intellectuelles. Nous voici donc à trois dans ce nouveau cadre, à peine plus grand que notre ancienne école, tout à redécouvrir et de nouvelles preuves de nos capacités à donner.
Mes parents devenaient peu à peu des inconnus. Ne partageant plus leurs journées, je me préoccupais de ma propre personne. Un malaise naissait en moi, en quoi cette institution se permettait-elle de dicter mon futur ...
De nouvelles règles nous avaient été imposées et des adultes étaient spécialisés pour les faire respecter. La souplesse, l'endurance, la dextérité, l'habileté, la flexion, l'extension, la précision, la concentration, la respiration, la force, les contacts, les prises, les lâchés, l'anatomie, l'alimentation et l'histoire de nos ancêtres étaient nos centres d’intérêt. La concurrence et la compétition étant la règle, certains se spécialisèrent dans la fraude, la contrefaçon ... La triche en général.
Je satisfaisai les adultes sans zèle, des questions concernant mes anciens camarades s'étant orientés en littérature et en science excitant ma curiosité. Peu d'entre eux avaient du recul devant le futur que le monarque nous avait organisés. La majorité d'entre eux voulant être le meilleur dans son domaine, ils n'avaient aucune minute à perdre avec des nains ayant fait des choix différents que les leurs.
Je me surpassai pour me rapprocher des nains ayant du temps à accorder à autre chose que leur formation. Je devais parfois prendre des risques pour les rejoindre. Les hormones de mon corps me dictaient la conduite à suivre. J'étais accro à l'adrénaline ... Après avoir rejoins mes semblables nous échangions nos visions du monde. La contemplation était devenu ma principale occupation.

Un jour, alors que je me rendais dans un des sites connus de nous seul je fus accueilli par un comité imprévu. Ces visages ... l'air mauvais, agressif, hargneux ... le stéréotype du raté de l'institution monarchique. Ils s'emparèrent de moi, c'est non sans me défendre qu'ils réussirent à m'enchaîner.
Après quelques jours d'isolement, un homme vint me voir. Je le reconnus, c'était celui qui avait donner l'ordre aux ratés de se saisir de moi. Il m’expliqua alors que plusieurs de mes amis nains étaient dans le même cas que moi. Que considérant le peu de temps que nous accordions à nos formations respectives nous n'avions plus rien à faire dans les écoles de notre monarque. Qu'il était temps pour nous d'être rentable pour le royaume.
Cette personne avait l'air profondément contrites et soumises à une forces sans pitié. Je lui demandais alors en quoi il participait à la richesse du royaume ... Je le vis devenir rouge, son visage se déformer, il devint le reflet des autres ratés. J'eus très peur ce jour la, je ne compris rien à ce qu'il raconta, mise à part une phrase qu'il répétait entre deux tirades : "je vais t'apprendre ce que c'est que le respect". Je finis dans la même cellule courbaturé et tuméfié pendant plusieurs jours, ne voyant qu'un plateau de nourriture en guise d'horloge.
La monté d'hormone me transporta, je ne mangeais pas. J'observai mon passé sans chercher à comprendre ce que le futur me réservait.

On vint me chercher et je fus envoyé dans un mine avec pour seul confort la chaleur des autres nains. Tous avaient l'air très fier de leur pioche. J'étais chargé de transporter des sacs pour remplir les wagons ... Nous étions surveillés, pas moyen de se reposer en dehors des heures prévues à cet effet et nous en avions peu. Alors qu'une fois je cherchai à discuter avec un de nos surveillants de la richesse que nous étions en train de produire pour le royaume, il m’expliqua que ces minerais étaient destinés à la transformation pour les artisans. Je lui fis remarqué qu'à mon goût il n'y participé que très peu ... Je me réveillai à nouveau tuméfié et courbaturé entouré d'autres mineurs à l'air hautain. Je les entendais murmurer que j'étais un impertinent, fainéant, incapable ... J'ai oublié la liste de tout ces adjectifs peu reluisant. Je me promis de quitter ces lieux au plus vite.
Après quelques jours je me camouflai dans un wagon sous des minerais. Je fus transporté dans une manufacture juste à la sortie de la mine. Le nain chargé de la réception des minerais fut surpris et pris de panique en me voyant ... La monté d'adrénaline qu'il venait de se prendre le ferait planer quelques jours. Un surveillant fut sur moi avant que je puisse me relever, je sentis sa prise. Sans hésité je lui mis des coups précis à plusieurs endroits sensible de son anatomie. Je le sentis relâcher sa prise, ce fut mon tour de le prendre. En m'inspirant de l'histoire d'un de nos héros je fis fléchir le garde de manière à lui couper la respiration. Je sentis le coup par derrière. Je fus réveillé brutalement, un administrateur au regard sévère devant moi. Il me demanda si je savais où j'étais. Je lui répondis que c'était certainement une manufacture de barre de métal et qu'à la vu des minerais c'était probablement un centre d'approvisionnement pour artisans. Il confirma et m'expliqua son rôle d'agent de justice. Je lui fis remarquer qu'il devait avoir était un élève assidu en littérature. Et lui me fit remarquer qu'en ayant mieux appris mes cours d'histoire j'aurais choisi une autre technique pour m'échapper ... Je ne relevai pas la remarque. Il s'ensuivit une liste de méfaits que l'institution monarchique m'attribuait.

Je ne compris pas les raisons mais il fut décidé que je sois mis librement à disposition du royaume et c'est ainsi que je découvris différents corps d'activité.

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