Pour toi ça sera... Louison ! [achevée]

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Louison
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Pour toi ça sera... Louison ! [achevée]

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Prologue

« Coule, contre, et fend ! »

Le bâton s’enfonce dans le sac de sable qui se bringuebale au bout sa corde. Satisfaite de ce dernier assaut, notre rouquine fait mine de ranger son arme dans son baudrier imaginaire. Lorsqu’elle se retourne pour quitter la stabulation, cachette clandestine de ses faits d’armes, c’est Père qui lui fait face, les bras croisés.
Père est sévère, Père est droit, Père est juste. Père est bon surtout, et Louisa l’aime de tout son cœur. Mais Père désapprouve.

- Louisa… 

La jeune fille baisse le nez. Ce n’est pas qu’elle a honte vraiment. Pas vraiment. C’est surtout qu’elle n’a rien à dire. Elle a tort, c’est tout. Les jeunes filles bien élevées n’ont plus ce genre de jeux. C’est acceptable pour les enfants, pour les garçons, mais pas pour une jeune fille. Elle sait qu’elle déçoit Père, mais qu’elle recommencera, encore.
Devant la posture humble de sa cadette, Brandin Claircoeur renonce à un autre sermon. Il décroise ses bras sur son pourpoint cyan et d’une voix posée mais lourde de reproches se contente d’un laconique « Je ne dirai rien à ta Mère ».

Louisa décampe sans un mot. Sa cible oscille faiblement dans l’air tamisé.

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Louison
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Re: Pour toi ça sera... Louison !

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Héritage

Parlons de Louisa voulez-vous ? Enfin Louison, ou Milla ou … Comme vous voudrez.

Son vrai nom, c’est Louisa. Louisa Claircoeur.

Un petit nez retroussé, deux fossettes lorsqu’elle sourit -ce qui lui arrive bien trop souvent au goût de sa Mère- et surtout, surtout, une incroyable tignasse rousse et bouclée que même les nattes les plus serrées ne peuvent dompter.

Les Claircoeur n’ont pas toujours eu un nom noble. Autrefois paysan, le grand-père paternel de Louisa s’est illustré en s’interposant entre un carreau d’arbalète et son roi. Cet acte de loyauté héroïque lui valu un titre de chevalier et une place à la cour. Le grand-père était courageux et aussi sagace, il voyait le peuple par un autre regard sur les grands de sa cité. Ses conseils avisés et la providence lui valurent d'être un des ministres de son suzerain. Il prit alors le nom de Claircoeur.
Son fils Brandin suivi la voix des armes. Le Capitaine Claircoeur épousa Dame Violette à la dot mince mais au lignage prestigieux.

Louisa a deux frères et une sœur plus âgée, Netelle. Mais c’est aux deux garçons que va sa préférence. Longtemps ils l’ont entraîné dans des jeux fabuleux : griller des insectes sous une loupe, cacher des grenouilles dans les draps de Netelle, faire la course dans les couloirs de leur demeure, ou encore manier l’épée de bois jusqu’à s’en faire des bleus et des ampoules !
Tout cela oui, tout cela était merveilleux et plus encore.

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Louison
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Changement

Mais le temps a passé, les grands frères sont devenus des jeunes hommes. Ils n’eurent finalement plus de temps à consacrer aux jeux avec leur benjamine, et Mère en eu davantage pour se consacrer à son éducation.

Broder, jouer de la musique, filer, danser sans compter toutes ces manières qui feraient d’elle un jour une jeune fille « bien comme il faut ». Chaque moment passé dans cette salle était un havre d’ennui et d’hébétude pour Louisa. Elle en était persuadée, c’était voué à l’échec, elle ne saurait jamais retenir un rire trop fort, se tenir droite, parler d’une voix posée, cesser de courir en retroussant ses jupes tellement encombrantes.

Ce qu’elle voulait elle, c’était vivre !
Elle voulait faire plus qu'écouter au dîner les récits de ses idoles.
Son destin c'était de porter les couleurs Claircoeur, c’était être avec ses frères et Père et défendre le Roi. Elle voulait chevaucher des jours durant, battre la campagne, partager des feux de camps avec des camarades en chantant! Elle voulait qu'on lui donne l'accolade après qu'elle se fut montrer brave, elle voulait pouvoir boire et rire trop fort sans que cela n'étonne personne.
Il y en avait bien, des femmes, dans la garde de la Reine. Alors pourquoi pas elle ?


Ce voeu qui faisait rire Père et sourire Mère dans sa bouche d’enfant, désormais plissait leur front et déclenchait tout autre chose: du désappointement.

Ils ne l’avaient jamais découragé avant, et voilà que maintenant on lui remplissait la tête de ces devoirs qui incombent à son rang :
Servir l’Unique, honorer ses parents, et prendre soin de l’époux qui voudra d’elle.
Louisa ne voyait pas vraiment d’objections aux deux premiers points, ni leur incompatibilité avec ses rêves. A 15 ans en revanche, l’idée qu’on la marie à un godelureau aux mains frêles et blanches ne l’enchantait pas vraiment.

C'est pourtant le destin de bien des jeunes eldorianes. L'histoire n'en resta pas là.

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Louison
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Fuite

C’est un petit matin de printemps qu’un laquais en livrée de coursier vint précipiter le cours de mon récit.

Le pli qu’il remit à la maîtresse de maison était joliment cacheté de cire. Sa lecture enchanta Mère.
Pendant plusieurs jours Père et elle semblèrent préoccupés.
Ils lui annoncèrent la nouvelle tout deux: le temps était venu pour la jeune fille de paraître à la cour, et ainsi, comme toute adolescente bonne à marier de rencontrer d’autres jeunes gens. Mère était enjouée bien entendu, Père plus sur la réserve.

Est-il utile de vous dire que Louisa ne partagea pas l’enthousiasme maternel ?

Hier encore, elle se voyait protectrice des terres, pourfendeuse de gobelins et même peut-être l’adversaire le plus redoutable que les Landes ait porté. Et voilà qu’au lieu de tenir en respect les méchants de ce monde, il lui faudrait supporter rubans et dentelles en se donnant des airs de dinde savante ?
Non !

Plutôt la fuite que de renoncer à son destin.

Un maigre baluchon négligeant les besoins les plus élémentaires et notre rouquine prit la poudre d’escampette, poussant au petit galop sa jument « Robuste ». Elle ne s’arrêta qu’une fois très loin des murs où elle avait grandi. Loin de ceux qui pourraient la reconnaître et lui dicter sa conduite.

Passé l’excitation de cette course, il fallu bien se résoudre à dresser de vrais plans. Tout haut fait commence par un plan c’est bien connu.
Elle n’avait pas assez des quelques pièces ramassées à la hâte pour continuer éternellement son périple, et il était hors de question de revenir en arrière, jamais ! Plutôt mourir !

Son choix se porta donc vers le compromis idéal : un endroit où il suffisait de tendre la main pour embrasser les plus folles aventures, et où personne n’irait jamais la chercher pour la ramener à ce qu’elle refusait.
Elle avait un peu peur pour tout dire.
Mais la peur faisait parti du voyage !

Louisa vendit Robuste et paya sa place avec ce qu’on lui en donna.

Elle dû d’abord abreuver de paroles jusqu’à l’usure le capitaine pour qu’il accepte de l’embarquer. «Trop jeune, ‘fais pas la traite d’enfants… » La détermination de Louisa eu raison de sa patience.

Au bout du cinquième jour de négociation il accepta.

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Louison
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De Louisa à Louison


Lorsqu’on lui a demandé son nom, la première fois à Trépont, elle a réfléchi un moment à la question.

Elle se souvient vaguement, de Père, de Mère, de Netelle et de ses frères. Elle sait qu’ils ont été là, quelque part. Elle se rappelle son âge, elle a quelques idées lointaines de cette fille qu’on appelait Louisa, de ce qu’elle était. Guère plus, un peu comme si tout cela concernait quelqu’un d’autre.

Draïa a exaucé son vœu.
Pour elle la magie mnésique des îlots n’a gardé que ces fruits défendus : aux oubliettes les bonnes manières. Adieu les journée monotones et bonjour l’impertinence. Terminée la tempérance, fini de se cacher pour tenir une épée, une vraie. Plus besoin de donner du « vous » et de se retenir de rire.

Oui, désormais, pour toi, ça sera … Louison ! Louison, parce que ça pourrait bien être un nom de garçon.

Que vont-ils bien faire d'elle, ces eldorians venus d'ailleurs, comme elle ?
L'histoire s'écrit en ce moment même.

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