Embrasée par les flammes

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Azathoth
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Embrasée par les flammes

Message par Azathoth »

Avec l'aide de Balek, Azathoth y était enfin arrivée.

Son parrain l'avait formé, aidé, lui avait prodigué conseils et encouragements dans l'inlassable fabrication des essences. L'immense savoir de son Maître, plus encore que la virile beauté de ses muscles épais et noueux, luisant de sueur, avait fait forte impression sur la Kultar. Il maniait son marteau de forge avec la grâce d'un antique géant et elle aurait aimée toucher les gouttes de sueur qui perlait le long de son torse, recueillir entre ses doigts celles qui ourlaient ses lèvres et...

Un hurlement lui échappa.

Elle venait de s'écraser le petit doigt avec son pilon en contemplant comme une pucelle toute chose et énamourée le Nain. Pestant comme une truie qu'on égorge, elle finit de broyer rageusement les ingrédients essentiels à la confection de l'essence vitale, indispensable à la dernière partie du rituel.

Enfin, elle leva les yeux. Sanglé dans son armure de métal, beau comme un Dieu d'Autrefois, Balek était prêt.

Azathoth eu une violente envie de lui demander, car il risquait de ne pas en sortir vivant, de faire sa volonté, de la posséder là, tout de suite, dans cette forge sentant le métal, le cuir et la sueur, après lui avoir arraché ses fins vêtements. Mais il était visible que ce n'était pas du tout l'intention du Nain, qui posait sur sa disciple un regard emplit exclusivement d'une paternelle fierté.

- On y va

Comme d'habitude. S'il y avait quelque chose que les Nains scellaient encore plus que leur or et leurs sentiments, s'était bien leurs lêvres. L'eau coulait plus aisément dans le désert de Starenlith en plein été que les mots de la bouche de son Maître.

Ils partirent et après un bref trajet se retrouvèrent devant les portes du temple du Feu. Sans un mot, Balek et Azathoth franchirent les portes qui séparaient l'antichambre du Temple de la salle de la lave en fusion, celle où se déroulait l'ultime épreuve ; Conformément aux instructions de la Grande Prêtresse K'sat, elle s'approcha du pont effondré traversant la grotte embrasée. Focalisant sa magie, elle jeta un morceau de souffre dans le sang de la terre. Tandis que ce dernier flamboyait, elle sentit l’air crépiter autour d'elle, et, comme l'en avait avertit K'sat, deux hideuses et gigantesques gargouilles apparurent au milieu d’un épais nuage d’ozone.

La lame de Balek ne fit qu’un tour. La première créature n’eut même pas le temps d’esquisser un geste de défense que l’épée du Nain lui fouaillait les entrailles, déversant un flot immonde de sanie verdâtre ; Elle s’effondra dans un râle obscène.

La seconde créature sauta sur Azathoth qui tenta de parer. Une des griffes de l’immense gargouille déchira son pourpoint de cuir renforcée, labourant sa chair, lui arrachant un hurlement de douleur. Folle de rage, elle abattit son épée, saturée de la magie de son médaillon stellaire, ce qui sembla n’avoir aucun effet sur la créature.

Ce fut la déception plus que la peur qui domina ; La déception de décevoir son mentor, plus que la peur de mourir. Mais elle n’eut pas le temps de pousser plus loin sa réflexion, car un liquide putride l’éclaboussa soudainement.

L’épée de Balek venait de faire sauter la tête de la seconde gargouille.

Deux temps; Deux mouvements; Deux morts.

Le Nain tendit la main à la Kultar, qu’elle saisit avec avidité ; Il était son héros. Son Dieu (après l’Alta Mundi, quand même !). Il ne lui restait plus qu’à faire sien son corps, là, maintenant, ici, dès lors que K’sat les auraient récompensés.

L’épreuve était terminée et tous deux, Maître et disciple, l’avaient réussi.

K'sat accueillit Azathoth à bras ouvert, Balek restant respectueusement en arrière pendant l’heure de gloire de sa disciple. Puis, prononçant la formule sacrée venu des éons les plus immémoriaux, elle l'intronisa comme disciple du Feu et Azathoth sentit le pouvoir alchimique bouillonner dans ses veines et enfler en elle comme la marée d'une nuit de pleine lune.

Elle exultait de joie. Sans doute son Maître allait-il la féliciter maintenant. Et même plus... Il n'y avait plus maintenant d'obstacle, de relations élève-professeur. Une onde de désir ravageur monta du plus profond des entrailles de la Kultar et elle se retourna pour vriller ses yeux ambrés sur les pupilles de son Nain chéri, prête à se soumettre à lui dans des jeux de l’amour qu’elle imaginait plus torride encore que la salle qu’ils venaient de traverser.

Balek s'éloignait déjà, de son pas tranquille et ferme, sirotant une gorgée de sa gourde d'outranque.

Azathoth songea à s'acheter un râteau.
Si vis pacem, para bellum

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