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Lettres de sang [inachées]

Publié : 18 juil. 2011, 00:53
par Mageinvok
Lettres de sang,
La naissance.


Journal de Kriel’dak,
Première nourrice du Clan des Dradden,
Jour 4 du mundia, fingelien 297,


Une nuit sombre, sans étoile, sans lune… comme figée hors du temps, sans bruits, sans murmures, sans vie.

Dans le froid glacial, un hurlement se fit entendre, déchirant le silence pesant qui régnait alors sur le clan. L’ouïe fine des Elfes Noirs leur permit d’entendre le vol des rapaces nocturnes qui semblaient fuir au loin… fuir loin de la terreur et de la souffrance inspirées par ce cri.

Soudain, comme si cela avait été planifié, les grondements du ciel se firent entendre à leur tour. Bientôt suivis par le clapotis de pluie qui assourdissait le camp en résonnant sur le couvert forestier, le tonnerre redoubla d’intensité. Fendant l’obscurité en de bref moment, de violents éclairs se mirent à exploser de part et d’autre.

Cette colère des cieux réveilla plusieurs des rejetons qui dormaient non loin de la tente centrale. À l’appel des bambins, une nourrice traversa le camp avec empressement, se déplaçant dans la nuit avec une surprenante aisance.
Être nourrice était très important dans le clan. Si peu de femelle pouvait allaiter. Le clan devait l’accroissement de leur population aux nombreuses incursions en forêt des Haut- Elfes, là où ils récupéraient les progénitures sombres. Bien sur, le clan préférait se passer de ces attaques, mais aucune naissance n’avait encore eu lieu au sein du clan depuis sa fondation. Les femelles capables de fournir le lait nourricier aux jeunes êtres sombres, avaient toutes, un jour ou l’autre, donné naissance à un Haut-Elfe, alors qu’elles vivaient encore parmi eux. L’enfant de la nourrice était un mâle. Lors de sa capture, ou plutôt de sa libération, son fils fut saisi également. Ce jeune Haut-Elfe fut offert en offrande à la puissante déesse Lith juste avant que la mère ne soit choisie comme nourrice. Elle est aujourd’hui la femelle qui occupe cette fonction depuis le plus longtemps. Toutes ses collègues considèrent que le sacrifice de son fils lui a porté chance.

Lorsque les guerriers revenaient, après quelques jours de marche, au camp, les poupons étaient déjà affamés. Bien sur, certain avaient atteint l’âge de sevrage. Ces plus vieux deviendraient des esclaves, ou occuperaient les rôles les plus bas et dégradants de la société. Tous dans ce clan était née du ventre des Haut- Elfes. Cependant, personne n’osait en parlé, poser des questions, ou soulever des doutes. Les plus fous qui s’y étaient risqués, avaient rencontré un destin plus terrible que la mort elle-même. Pour conserver le secret sur l’infertilité du clan, les rescapés plus âgés étaient brisés, leur prélevant la moindre parcelle de volonté. Eux ce souviennent. Malgré les risques de voir leur société s’écrouler sous le poids de leur secret, les dirigeantes n’avaient d’autre choix que de les prendre parmi eux. Sans ces pseudos naissances, le peuple stagnerait et dépérirait.

Les plus jeunes nourrissons étaient confiés à des couples d’Elfe Noir. Ceux-ci l’éduqueraient comme leur propre enfant. Relatant les histoires passés, les grandes guerres, les longue lignée Matriarcales. L’histoire de Gaed'estr qui aurait eu lieu, il y a des centaines de fingeliens.
Allaitant le nouveau-né en compagnie d’une autre nourrice, elle se demandait depuis combien de temps elle n’avait entendu la moindre annonce d’une naissance, la moindre élocution, le moindre murmure, le moindre susurrement annonciateur…


Mage Invok de Norhen Dagha.
Journal de Kriel’dak,
Première nourrice du Clan des Dradden,
Jour 4 du mundia, fingelien 297, (suite)


C’est en regardant les six nouveaux membres du clan que j’entendis de nouveau ce cri de douleur. Le dos parcourut d’un frisson, je tentai tant bien que mal de calmer les enfants terrifiés.

Un garde vint me quérir peu de temps après.

« L’Ilharess a besoin de vos services » Une voix qui glace le sang…

Les deux nourrices près de moi échangèrent un regard interrogateur. Pourquoi donc la Matriarche avaient-elle besoin de moi ?

J’obéis et suivis le messager jusqu’à la tente centrale. Vêtue d’une élégante robe de cérémonie noire, la y Matriarche était allongée sur un lit de bois. L’agitation était à son comble. Une sage-femme à ses côtés la sommait de mettre bas. Une cohorte de prêtresses se recueillait en rond autour de Matriarche. Deux gardes tenaient, chacun un bras, un Haut-Elfe, le soulevant au dessus de la future mère. Le corps frêle du jeune pâle était profondément meurtri. Sa vie, de toute évidence, arrivait à sa fin, prématurément.

Lorsque je pénétrai dans la tente Matriarcale, la haute prêtresse s’apprêtait à extirper les dernières bribes de vie habitant encore ce qui restait du jeune guerrier haut-elfe. Une violente foudre s’abatit tout près, éclairant un bref instant la dague rituelle qui trancha le torse de l’obole. Le sang giclant sur l’assistance n’empêcha pas la prêtresse de se saisir le cœur battant faiblement, et de l’arracher d’un geste vigoureux.

J’assistai à ce rituel avec une joie que je parvenais difficilement à contenir. Néanmoins, je parvenais à afficher un visage neutre. Du moins, je le crois… Je profitais de l’instant, remerciant silencieusement Lith de me permettre d’être au cœur d’une scène aussi glorieuse. Je ne réalisais que partiellement l’honneur qui m’était accordé, que j’aurai un rôle à jouer, un service à rendre à ma Matriarche.

C’est ce que prétendait le garde venu me chercher.

Alors que les huit prêtresses dessinèrent chacune sur le ventre de la future mère, l’une des pattes de leur déesse araignée, je compris réellement ce qui ce passait. J’assistais à la première naissance d’un sombre né de deux parents elfes noirs.

La haute prêtresse se saisi d’un flacon. Lentement, elle en vida le contenu dans la bouche de la matriarche, et prononça les dernières paroles du rituelle.

« Ô Lith,
Que vos ténèbres emplissent le cœur de cette femelle. Que l’enfant en son sein soit maudit. Que par vos mains divines, pressées contre son cou, elle crève et extirpe dans sa mort, la vie qui croit en elle.

Ô Lith,
Tissez la toile de l’éveil qui accueillera ce nouvel être. Embrassez cette mère morte pour qu’elle renaisse dans sa seconde vie.

Ô Lith,
Posez votre jugement sur ses actes passé et futur. Qu’ainsi votre volonté s’accomplisse. Entre mort et survie, elle gît. Posez votre jugement céleste. »


Sous l’effet de la mixture empoissonnée qu’on lui forçait à avaler, la Matriarche se convulsa. L’écume débordait des sa bouche béante et éclaboussa l’assemblée. Ses ongles s’enfoncèrent dans le bois sec sur lequel elle était étendue. Dans un ultime effort elle se cabra et hurla toute la souffrance qui l’assaillait. Elle s’époumona, sua, trembla, hurla, avant de tomber inconsciente.

« C’est une femelle ! » s’était écriée celle qui venait de faire boire la Matriarche.

Les ordres émanèrent des gardes, des prêtresses, des sages femmes et des guérisseuses, transformant la tente en champ de bataille. Les toiles de tissu firent résonner le vacarme de plus en plus inquiétant. Je compris rapidement que le ventre sacré de ma Matriarche allait donner naissance non pas au premier Elfe Noir né naturellement de parent sombres… mais bien aux deux premiers.

« Qu’on la plonge dans l’eau glacé ! » « Écartez ses jambes, elle doit encore travailler. » « Que l’on me débarrasse de ce cadavre. » « Relevez-lui la tête. » « Faite chauffé une lame au rouge, il faut l’ouvrir. » « La nourrice ! Que la nourrice se tienne prête. »

Kriel’dak.

Re: Lettres de sang [inachées]

Publié : 09 août 2011, 18:53
par Mageinvok
Lettre de sang,
Le père.


Chronique d’un guerrier de la nuit
mois du fingel, fingelien 234,
Grotte-maison, (limite de territoire d’jhi et haut-elfe)


Les lames des poignards finement aiguisées, chaque fut fixées à ses bottes, accessibles d’un vif mouvement, à ses mains ambidextres. Un fin bandeau de tissus noir, plaqué contre son front, retiens ses cheveux bruns derrière sa nuque.

Ses bras glissent tels deux serpents le long de deux pièces de cuir plaquées de bronze. À la fois légères et mobiles, ces prothèses, une fois maniée par le guerrier, permettaient de parer les coups de lames au de lacérer la chair grâce aux fines lamelles de fer incrustées. Il serait délicatement les bandelettes de cuir jusqu’à obtenir suffisamment de pression pour que les « velvar’ken » tiennes en place sans nuire à ses mouvements. Sous l’un deux, il glissa une aiguille fine, préalablement trempée dans un venin de scorpion. Une piqûre, entre deux vertèbres de la nuque, et c’est la paralysie.

Le Sombre, à peine pubère, prépare ainsi son assortiment de guerre avec patience et minutie. Des lames sans manche, conçues tout spécialement pour être projetées et transpercer chaires et os, toute attachées à une plaquette de merisier dans son dos.

Un arc, long des deux tiers de son propre corps, des flèches à pointe de bois ciselées et cuites avec de la résine et à l’empennage en plume de corbeaux témoignent de ses origine haut-elfes.

Une besace en fourrure pend à sa ceinture, contenant quelques vivres séchés et des plantes aux diverses propriétés médicinales. Sur l’autre hanche, un sabre lourd dans son fourreau.

Une armure légère compense pour la lourdeur de son arsenal. Quelques essences variées, des pendentifs protecteurs, de la cordes, une petite hache… une grosse aussi, d’autres poignards, d’autre lames, d’autres outils…

Lorsque fin prêt, le Sombre empoigne une lance en fer, et quitte sa grotte. La maison qu’il aura habitée pendant plus d’une décennie. Il ignore encore qu’il n’y reviendra jamais.


Rédigé le 14 d’archeno du fingelien 264 par ;
Ulcor’lesh,
Ilarnuk du clan des Dradden.



***

Mémoire d’une vieille Haut-Elfe.
Jour 28 du fingel, fingelien 234, forêt de Kitsami.


J’écris ces mots pour le salut des âmes de mes si chers frères, de mes si tendres sœurs, qu’Ull'tuvar ait pitié de leurs âmes et les accueils avec l’honneur qu’il mérite.

Le monstre de la nuit a encore frappé. Plus terrible et destructeur que jamais. Si nombreux sont ceux parmi les villages voisins à avoir payé de leur sang, qu’aujourd’hui, ce monstre est surnommée Ulco, « le mal ».

Que la folie qui se palpe permis les miens se taise. Leur peur aura eu raison de leur sagesse, cet Ulco n’est pas un monstre. Il n’est qu’un Elfe, aussi mortel et faible que nous tous. Je l’ai vu.

Cela remonte à deux semaines. Nous traversions la forêt, tout près du fleuve de la Loutre, pour rejoindre le village de Kitsami, l’un des plus occidentaux villages haut-elfe.

D’abord, d’épais nuage sombre masquèrent le disque d’or. La curiosité s’empara du convoi. Levant moi-même les yeux au ciel, pour comprendre ce qui attristait le soleil, j’aperçus une flèche fonçant sur moi.

J’étais paralysée par la peur, la flèche meurtrière semblait avancer en fendant l’air si tranquillement que j’aurais eu le temps de l’esquiver. Le temps cependant, disait tout autre chose, comme s’il s’écoulait plus lentement que d’ordinaire. Ce moment me sembla être une éternité. Je fermai les yeux, ne pouvant supporter cette attente. J’entendis alors le bruit d’une branche qui se fend.

Je m’effondrai sur le sol, déchiré dans l’âme par la surprise d’avoir été épargné et la tristesse de trouver mon époux sur le sol, une flèche aux plumes noires dans le cœur.

Mes souvenirs des événements sont confus. Je peine à réaliser, encore aujourd’hui, l’étendu du massacre perpétré par Ulco.

Tout autour de moi n’était que sang, flammes et morts. Je puis me rappeler cependant, quand je repris conscience, que deux de nos jeunes archers tentaient avec bravoure de protéger leur sœur cadette, Karima.

Le plus vieux tomba en premier, Karima se pencha sur son corps et se releva aussitôt, brandissant un arc trop grand pour elle vers l’intrus. Elle a toujours eu ce tempérament fougueux et téméraire, depuis sa plus tendre enfance.

Avant qu’elle n’ait eu le temps de viser, son autre frère péris et un sabre gris et ensanglantés se posa sous son menton. La pointe de se flèche rayait le torse du meurtrier.

Un Elfe Noir, je l’ai bien vu. Ce n’était vraiment qu’un Elfe Noir. Ils se regardèrent longuement, lui, une pointe de flèche cisaillant légèrement ses pectoraux, elle, un sabre menaçant de faire rouler sa tête dans les herbes rougies.

Après un long combat de regards, où la détermination et la force de caractère étaient les seules armes, il sembla se résigner à Katrima. Il recula, tête penchée vers le sol et pris la fuite dans les bois. Katrima le suivit. Je voulais la retenir, l'empêcher de courir vers sa perte, mais la voix me manquait, puis-t-elle...

... le parchemin ajouté au recueille est ici déchiré, sans doute usé par le temps...