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fragments de mémoire (achevé)

Publié : 01 nov. 2010, 02:17
par atwenas
S'il est vrai qu'en se basant sur l'échelle humaine, cette histoire serait celle d'une vie, selon les critères elfiques elle ne mène en réalité qu'à la fin de l'adolescence... au plus. Elle conte le déroulement des évènements qui m'ont conduit jusqu'à l'île du Trépont, en ces terres hostiles des Landes connues et redoutées sous le nom de Draïa...
Pour honnête et exact, je devrais plutôt dire que ce sont en fait les fragments de mémoire qui me reviennent. Quant à mon âge... j'en ai une idée qui reste ma foi bien imprécise. Je sais que j'ai atteint ma taille adulte, mais il semblerait que ce ne soit que quelques fingéliens avant mon arrivée à Trépont.

Je répugne en réalité à cet exercice d'introspection qui m'impose de revenir sur un passé que je préfèrerais de loin oublier, mais oubliez l'histoire et elle se répètera... De plus le moment me semble venu, alors que je refais ma vie, de tirer les enseignements du passé avant d'en faire table rase et d'aller de l'avant... Je couche ces souvenirs sur ce carnet afin de ne jamais oublier ces maigres réminiscences si tragiques soient-elles.

Le souvenir le plus ancien qui me revienne est l'échec de la fonte de ma première essence volcanique. Un exercice pourtant élémentaire, mais auquel j'avais voulu m'essayer bien trop jeune, et en cachette de mon père qui aurait sinon pu éviter les conséquence tragiques de cette tentative.
je suis encore hanté lorsque je ferme les yeux par la perte de contrôle de la réaction alchimique, l'embrasement soudain du laboratoire paternel et la rapide et inéluctable progression du feu dans la maison attenante.
Au milieu de la fournaise, hébété, je restais paralysé par un mélange de peur et de désespoir. Je pensais ma dernière heure arrivée lorsqu'un sort de forte puissance mit fin à l'incendie.
J'étais sauvé. Mal en point mais vivant. Malheureusement, ma soeur n'avais pas eu la même chance.
Le temps que les adultes de la communauté interviennent alertés par la lumière anormale dans la nuit, elle était morte asphyxiée dans son sommeil. Sa dépouille fut découverte à moitié calcinée.

Le souvenir qui me vient ensuite... ma comparution devant le conseil des anciens. Le verdict surtout. Je vois encore les capuches noires qu'ils portaient en signe de deuil communautaire. Les visages sévères, l'air grave. Les reproches, d'autant plus cinglants qu'ils étaient parfaitement justifiés.
Et la décision. Unanime. Irrévocable. Rapide. J'étais banni.

La période qui a suivi reste floue, mais je pense pouvoir dire qu'elle a duré plusieurs fingéliens.
Des images me reviennent parfois de cette époque. L'errance. La peur. L'indifférence. Les agressions. De trop rares mains tendues. Des nuits froides en haillons. La faim.

Mon dernier souvenir avant mon arrivée sur les ilôts est mon réveil au beau milieu de la nuit, sur une petite barque en pleine mer, pendant une tempête.
Comment étais-je arrivé là ? Impossible de m'en souvenir, je ne puis que supposer. Supposer que j'ai du trouver un refuge nocturne sur cette barque qui devait être insuffisamment tirée sur la plage. Imaginer que la marée aura emporté à mon insu ce frêle esquif vers mon destin.
Après plusieurs heures balloté comme un fétus de paille, une vague a finalement eu raison de mon embarcation qui s'est retournée.
je fus projeté dans l'eau glacée, rapidement submergé vers de sombres abysses. Et le trou noir.

Je me réveillais dans une modeste demeure, désorienté, me demandant par quel miracle j'étais encore en vie. L'homme qui m'avait trouvé sur la grève et transporté chez lui m'informa que je me trouvais en Draïa.
Il me dit encore que si les Landes Eternelles m'avaient épargné, c'est qu'elles avaient vu en moi un individu apte à relever leur défi.
Devinant à mon air ahuri que je ne comprenais rien à ce qu'il me racontait, il me conseilla de prendre le bateau pour Trépont, où je pourrais trouver explications, aide et conseils.
C'est ainsi qu'allait débuter ma vie en ces terres.