[V] Le jeune garçon à la peau d'ébène

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
Zyle
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[V] Le jeune garçon à la peau d'ébène

Message par Zyle »

Orazire courait sur la plage, comme toute les jeunes filles de son age, bien insouciante du monde extérieur. Le soleil brillait sur sa peau d'ébène et seul ce grand navire qui mouillait dans la rade depuis plusieurs jours semblait obscurcir l'humeur des adultes du village. Par ailleurs, elle se demandait qui pouvait autant aimer les serpents pour en avoir orné ses grandes voiles.

Orazire !!!! ... Orazire vient ne reste pas là, une barque approche

Sa tante l'attrapa par le bras et la renvoya hors de la plage. Mais une fois que sa tante eu tourné le dos, la jeune fille revint en cachette sur ses pas se cachant des adultes.

Les hommes s'étaient amassés sur la plage, l'inquiétude se lisait sur leurs visages au fur et à mesure que la lourde chaloupe avançait vers eux. A sa proue se tenait un homme habillé d'un long manteau sombre malgré la chaleur. Orazire fut fascinée par la couleur de sa peau, jamais auparavant elle n'avait vu d'homme blanc comme le lait des noix de coco. Son visage semblait beau mais terrible, il inspirait la crainte et elle ne sut dire si il était vieux ou jeune. Les hommes du village reculèrent lorsqu'il mit pied à terre.

La chaloupe repartit laissant l'homme blanc seul sur la plage, il s'avança vers Otouga, l'un des pécheurs du village, et ils parlèrent pendant un moment. Trop éloignée, Orazire ne put entendre les paroles échangées.

Otouga et l'homme blanc partirent en direction de la hutte de ses parents. Elle savait que son jeune frère y était, bien que plus jeune qu'elle il ne jouait jamais avec les autres enfants et restait la plupart du temps près de la hutte. Elle ne l'aimait guère car son attitude était vraiment trop étrange à ses yeux. Ce sentiment était partagé par nombre des adultes du village et même ses parents étaient malheureux de ce fils étrange.

Curieuse, la jeune fille, qui connaissait tous les raccourcis, se précipita vers la hutte. Son frère était là, devant la porte, ses parents à ses côtés. L'homme blanc demanda d'une voix froide.

Est-ce l'enfant aux visions, homme noir ?


Otouga acquiesça de la tête. L'homme blanc lui tendit une bourse et le renvoya. L'homme se baissa au niveau de son frère qui restait impassible. Leurs regards se croisa et Orazire eu l'impression que l'homme lisait dans son esprit. Que pouvait vouloir cet homme à la peau blanche comme le lait au solitaire, elle ne sut jamais.

L'homme se releva et ajouta aux parents :

Entrons, nous avons à parler.

La crainte se lisait dans les yeux de ses parents mais ils s'exécutèrent. A ce moment là une main forte attrapa l'épaule de la jeune fille :

Orazire !!! Je t'ai cherché partout !!!! Viens, tu vas dormir chez moi ce soir, dépêche toi ...


La femme noire regarda avec crainte dans la direction de la hutte, puis emmena sa nièce chez elle pour la nuit. Ce n'était pas la première fois qu'elle dormait chez sa tante. Chaque fois que son frère faisait ses visions étranges, sa tante la prenait chez elle. Mais là, Orazire était déçue.

Attendant patiemment l'aube, Orazire, se glissa sans bruit en dehors de la hutte de sa tante, que c'était-il passé ?
Curieuse, elle courut jusqu'à la hutte de ses parents. Tant pis même si elle n'aimait pas Zyle, il devrait tout lui dire. Pour une fois qu'il se passait quelque chose d'inhabituel au village, elle devait savoir.

La porte de la hutte était ouverte. La terre autour avait été éventrée comme si quelque chose en était sorti. A l'intérieur tout était retourné, une lutte intense s'y était déroulé. Craintivement, elle entra et tomba à genou devant l'horrible spectacle. Devant elle, se trouvait les corps démembrés de ses parents. Nulles traces de son frère, il n'était pas ici.

Désepéré, elle courut à la plage. Nul navire à l'horizon, ils étaient partis.

Zyle ... Zyle cria-t-elle

Hé ma belle ne crie pas pour rien, ils sont partis et c'est tant mieux, ton frère n'avait pas sa place ici.


Outaga s'était collé contre elle et ajouta en lui mettant une pièce d'or dans la main.

Tiens regarde cet or, je suis riche maintenant et je pourrai m'occuper de toi. Tu verras, je suis sûr que tu feras une bonne épouse.

Elle resta paralysé. Outaga s'éloigna en riant.

Orazire regarda la pièce d'or, d'un côté elle y vit un symbole rond entouré d'un serpent, de l'autre le visage d'un homme ressemblant à cet homme blanc, cet assassin qui lui avait tout pris. Des larmes coulèrent sur ses joues et elle se mit à courir loin de ce village qui fut le sien.

Les fingéliens ont passé depuis ces événements. L'histoire ne dit pas ce qui est advenue de la jeune Orazire mais plus personne n'a revu le jeune garçon au village. Le pêcheur Outaga fut retrouvé à moitié dévoré dans sa hutte et certains disent que les ombres qui rôdent la nuit autour de la hutte maudite ne sont pas étrangères à cela.
Dernière modification par Zyle le 18 mai 2009, 13:46, modifié 2 fois.

Zyle
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la vision de l'orbe

Message par Zyle »

Le jeune homme sortit lentement à la lumière, cela faisait une éternité que le soleil n'avait pas ne serait-ce qu'effleuré sa peau sombre. Son maître était là dehors et il attendait avec impatience l'arrivée de quelqu'un ou de quelque chose. Le monastère était lugubre comme à son habitude et les rayons du soleil matinal rendaient ce lieu étrange. Cela faisait tant d'année qu'il était arrivé ici qu'il n'avait aucun souvenir de son ancienne vie, seul le souvenir d'une enfant plus âgée courant avec lui sur une plage inconnue lui semblait un rêve lointain. Lointain mais bien réel.

Le maître se retourna quand il sentit la présence de Zyle, le regard noir du maître de ces lieux sonda le jeune sinan et il lui dit d'une voix froide :

Je ne t'ai pas fait mandé Zyle, j'attends ... une personne importante et je ne veux pas te voir ici

Tout en soutenant le regard de son maître, Zyle répondit

Le roi sera en retard maître, j'ai eu la vision de sa venue à l'aurore.

La colère se lisait dans les yeux du vieux Sinan. Puis, il tourna le dos à Zyle et ajouta

Retourne dans ta cellule jeune novice avant que je ne décide de ton châtiment pour avoir été aussi effronté.

Zyle sembla hésiter un instant et repris

Maître ... j'ai refait ce rêve ... celui de cet elfe qui prit l'orbe dans cet étrange volcan inconnu ...

Le vieux Sinan interrompit Zyle d'un geste de la main. Il était inutile de continuer. Zyle se retira, un instant son esprit vagabonda sur une plage ensoleillée, un instant seulement car l'instant d'après il avait rejoint les ténèbres qui emplissaient les couloirs lugubres du monastère. Il redevenait un enfant de Kormel et il savait que son destin n'était plus ici mais là-bas sur cette terre inconnue.

Zyle
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[V] la fin du monastère [achevé]

Message par Zyle »

Le jeune homme pénétra dans la cour du monastère. Les soldats, qui s'y afféraient, ne firent pas attention à lui trop occupé à mettre à mort les moines survivants.

Il jeta un rapide coup d'œil autour de lui pour contempler les ruines encore fumantes du monastère. Ce lieu n'avait été pour lui qu'un passage tout comme cette plage ensoleillée dont les souvenirs s'estompaient de plus en plus.

Il traversa la cour et passa par le portail. Devant l'entrée du monastère des pieux étaient érigés, là se trouvaient ses professeurs empalés. Certains étaient déjà morts, d'autres s'en approchaient doucement mais sûrement. Il s'arrêta devant le dernier pal vide posé à terre, le bourreau venait d'amener son maître. Le vieil homme au visage tuméfié et au corps mutilé fut jeté à terre devant lui.

Un sourire froid apparu sur le visage du jeune homme à la peau d'ébène, puis il s'assura que le vieux moine fut encore lucide et lui dit

C'est la volonté de Kormel, Maître, je dois me rendre sur cette terre lointaine et vous ne pouviez pas m'en empêcher. Le Roi n'aurait rien su de vos agissements si vous m'aviez laissé partir comme je l'avais exigé mais votre folie vous a conduit à votre perte.

Soit ... soit ... maudit ... Zyle
dit le vieil homme

Zyle ricana puis, le visage fermé, il ajouta

Je suis maudit depuis le jour où vous avez offert mon âme d'enfant à Kormel vieux fou. Vous vouliez le voir à travers mes yeux et bien vous aurez l'honneur de le servir à jamais. Certes, pas à ses côtés comme vous l'escomptiez mais vous rejoindrez au moins ses cohortes qui se déverseront sur ce monde le jour de la Délivrance.

Le bourreau fit son œuvre sous l'œil impassible de Zyle.

Nul soldat n'osa s'approcher de ce jeune homme à la peau d'ébène. Il était assis depuis plusieurs heures face à son ancien maître agonisant, le regard figé. Défiait-il son maître ou priait-il ? Quoi qu'il en soit aucun n'eut l'envie de parler à celui qui les avait conduit à destruction de ce monastère de comploteur. Le plus important était que tous pouvaient voir ce qu'il adviendrait des traitres à leur Roi. Ce fut quand même un soulagement pour nombre soldat quand les officiers ordonnèrent le départ. Le jeune homme avait disparu mais personne ne s'en préoccupa.

Sur la route du port, une silhouette s'avançait vers son destin.

Chronique terminée

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