[V] Nigaud mon nom c’est juste Nigaud (Kultar)

Ici, l'on conte des chroniques relatives aux îlots centraux
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Nigaud
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[V] Nigaud mon nom c’est juste Nigaud (Kultar)

Message par Nigaud »

« Mais Nigaud, c’est votre nom ? d’où venez vous »

ha, l’on me pose bien souvent cette question...*soupirs* Hélas il me va vraiment comme un gant.
Nigaud, je m'appelle Nigaud, oui je sais c'est un peu étrange comme nom, surtout pour un Kultar.

Mais avant que de vous expliquer d'où me vient ce sobriquet, oyez un peu quelques bribes de mon histoire familiale.

D'abord je viens d'une famille déchirée. Ma mère était du clan des mages, mais mon père un oublié (ma mère était très romantique et plutôt du genre anti-conformiste post-268tarde).

Nous vivions simplement dans une hutte sur pilotis, au milieu des marais et en bonne intelligence avec la nature, qui nous prodiguait tous ses bienfaits.

Ma mère utilisait parcimonieusement la magie et mon père pêchait et chassait habilement à la sarbacane.

Hélas, vous le savez, les tensions entre clans resurgirent après la chute de Fingel, plus fort qu'auparavant.
Ainsi, bien que nés plusieurs centaines de Fingeliens après le cataclysme, mes parents vécurent sous l'opprobre de toute la société locale. A ma naissance, ils eurent toutes les difficultés à organiser ma cérémonie de naissance. Personne ne voulait cautionner ce métissage.

À moi, ce métissage a appris une grande ouverture d’esprit et une tolérance pour tous les genres de l'espèce pensante, au sein desquelles j’évolue désormais dans les Landes. D’ailleurs, si un jour j’ai un rôle politique dans ces contrées, j’aimerais travailler à bannir la notion de race de l’esprit public, en promouvant celle de peuples, et de minorités au sein de ceux-ci, promouvoir leur diversité culturelle mais aussi leur égalité. De leur unicité face au fléau que représentent les Landes, viendra, j’en ai la conviction profonde, la paix et une colonisation civilisée des terres émergées, comme au temps de l’âge d’or des Humains Anciens.

Ensuite la disette est venue, les maladies, les raids … et l'idée folle d'émigrer en famille. la décision fut prise pour mon seizième anniversaire.

Réunissant toutes leurs économies, mes parents contactèrent un passeur. Ces commerçants assurent, sous le manteau le transfert des habitants des marais vers le Trépont, à travers la mer intérieure.

Bien sûr le Trépont a disparu, il y a fort longtemps. Mais l'île qui subsiste à son emplacement a gardé son nom, synonyme de passage, d'opportunités, du croisement de tous les possibles... c’est très alléchant pour une famille qui souhaite démarrer une nouvelle vie. Cela représentait un rêve pour nous et nous en parlions très excités à la veillée *Nigaud revit ce souvenir avec les yeux brillants*.

Ayant donné toutes leurs économies au passeur, mes parents eurent eu toutes les peines du monde à réunir les offrandes nécessaires pour la cérémonie confirmant mon potentiel de Mage.

En fait, elle fut expédiée en cachette, Mère régla les affaires courantes, Père confectionna des bagages légers. Nous ralliâmes une nuit sans lunes le point de rendez-vous.
Hélas, très vite quelque chose clocha.
Dès notre arrivée au point de rendez-vous on nous sépara, malgré les pleurs déchirants de ma Mère, et les miens, je dois l’avouer.
En effet nous comprîmes trop tard que les passeurs étaient en réalité aussi des pirates et des marchands d’esclaves. Mère fut encagée rapidement comme marchandise précieuse et transportée à bord d’un navire aux voiles noires.
Père fut enchaîné à une longue file de Kultars et on lui confia un aviron. Je compris que notre petite taille était utilisée pour « optimiser » l’espace sur des galères de commerce, laissant toute la place au frêt. Je vis s’éloigner celle-ci avec ses voiles rouges.
Considéré comme trop frêle, quand à moi, on me mena avec quelques autres adolescents sur le pont d’une embarcation ventrue où résidait le chef des passeurs pirates. Il n’était apparemment pas pressé de partir. Je passais alors tout mon temps sur le pont, à briquer le bois, vider les seaux d’eaux usées, les déchets de la coquerie. Ma mélancolie était profonde, je ne pensais qu’à mes parents, à nos malheurs au pays comme aux tragiques événements récents et n’était pas du tout à ma tâche évidemment. J’accomplissais donc à contre-coeur les corvées sous les coups mats du tranchant de la main d’un monstreux personnage à l’haleine pestilentielle. Ce second avait commencé à m’appeler « Nigaud » à chaque occasion. J’étais tellement maladroit que je trébuchais tout le temps, me prenais les pieds dans des cordages, reversais des seaux partout... je devins la risée de l’équipage de passeurs ainsi que de mes camarades d’infortune qui, à leur tour, commencèrent à m’appeler « Nigaud ».
Nous effectuâmes plusieurs allers-et-retours entre le Trépont et les terres extérieures, mais à chaque fois que nous approchions d’une terre, nous étions tous enchaînés en fond de cale.
Finalement, mon apparente inutilité fut ce qui me sauva.
J’appelle ça la résistance passive.
Après une sévère correction de plus, le second me déclara que j’étais vraiment une bouche de trop à nourrir, un embarras sur le pont, un poids mort dans les cales et me débarqua à Trépont dans une chaloupe. Repartant vers le navire il me cria « va donc, he, Nigaud! »
Je ne sais pas si c’est le traumatisme de ce rapt, mais, je ne me souviens plus de mon identité kultare de naissance. Nigaud est donc mon nom d’aventurier. Le nom lié à mon destin. Peut-être que la mémoire me reviendra si je retrouve un jour mes parents ou si j’accomplis mon destin.
J’ai des doutes, hélas, car on rapporta sur le pont qu’une énorme tempête avait emporté on ne sait où les navires qui étaient partis les premiers... J'espère que dans leur prochain cycle de vie ils seront plus heureux ! peut-être les rencontrerais-je sous leur nouvelle incarnation, si l’Esprit des Altae Mundi le veut bien ...
Voilà vous savez tout, je suis un jeune Kultar bien souvent trop crédule, faisant naturellement confiance aux gens qu’il rencontre et cela lui joue des tours ! Mais je suis sûr qu’un jour ces qualités d’empathie me seront utiles. Je les emploie pour l’instant à mon apprentissage. Un vieil homme qui radote un peu dans une bibliothèque m’a dit récemment : « …jeune homme, il n'existe qu'une et une seule
manière de vaincre : par l'union des différences! » alors, si vous vous sentez différent de moi, devenons amis voulez-vous ?
Nigaud
Kel'emen emenkel' emenkel kelemen
(sois heureux d'apprendre assidument le bonheur)
Linguiste
«…Aventuriers, il n'existe qu'une et une seule manière de vaincre : par l'union des différences!»

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